Au temps du cinéma muet à Chambly. La pianiste d’écran Bertha Riendeau.

Paul-Henri Hudon

HISTOIREBertha Riendeau (1884-1963) serait la septième enfant née du marchand épicier Hormidas Riendeau (1852-1921) et d’Alphonsine Leblanc (1855-1919). Elle a été baptisée à Chambly le 31 décembre 1884, sous les prénoms de Anna-Bertha-Alexina. Selon nos recherches, le couple Hormidas et Alphonsine aurait eu les douze enfants suivants, dont cinq filles survivantes: Alphonsine Riendeau (1874), Amanda (1877), Romula (1879), Marie-Alma (1880-1880), Marie-Louise-Eugénie (1881-1881), enfant anonyme (1882), Bertha (1884), Corinne-Lucrèce (1886-1887), Aurore-Rosanna (1888), Yvon-Hormidas (1891) qui étudiera au collège de L’Assomption de 1905 à 1908; il deviendra “voyageur de commerce“, Joseph-René (1893-1893), enfant anonyme (1894). Hormidas Riendeau avait été conseiller municipal à deux reprises à Chambly-Bassin.

Alors que l’ainée Alphonsine Riendeau (1874-1945), avait épousé le veuf Joseph Bouchard (c1866-1919), celui-ci était “foreman au canal de Chambly, ingénieur et machiniste“, Bertha convolera avec le frère de Joseph Bouchard, le maître électricien Georges Bouchard (1881-1943), aussi qualifié de “gérant général et de contremaître“. Joseph Bouchard sera maire de Chambly-Canton en 1913 et 1914. Georges Bouchard sera maire de la même municipalité de 1934 à 1937 (Dictionnaire Encyclopédique, p. 19).

Est décédée subitement, Mme veuve Joseph Bouchard, née Alphonsine Riendeau, fille de Hormidas. Elle est décédée chez les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame à Montréal, alors qu’elle était en visite chez sa sœur, la révérende mère Saint-Jean-de-Matha. Veuve depuis 25 ans, elle se consacra aux œuvres des missions des Pères Oblats de l’Ouest canadien. Elle avait été organiste pendant vingt ans à l’église Très-Saint-Cœur de Marie. (Le Richelieu, 26 avril 1945). Bertha Riendeau aurait été, à l’évidence, imprégnée d’une culture musicale inspirée par sa soeur aînée, l’organiste, Alphonsine Riendeau.

En 1921, Georges Bouchard “loue l’hôtel de Ville de Chambly-Canton pour projeter des vues animées les samedis et dimanches“. Un opportunité pour son épouse Bertha Riendeau. Elle deviendra pianiste d’accompagnement. Une telle artiste devait composer sur les images muettes une musique de circonstance, le tempo évoluant avec la rapidité des scènes selon le ton romantique ou échevelé du film. Allegro, puis largo, puis moderato. Une libre improvisation pour accentuer l’ambiance ! Toute une virtuosité quand même !  On ne sait si elle assumait aussi le bruitage.

Louise Chevrier écrit:  “À Chambly-Canton, il y avait un théâtre, propriété de Georges Bouchard, qui avoisinait sa résidence privée de la rue BourgogneLes Chamblyens de cette époque ont-ils eu la chance de voir <Madeleine de Verchères>, un des premiers films québécois produits en 1922 ? Le cinéma deviendra “parlant” en 1927-28. On peut encore voir l’emplacement du <Théâtre de Chambly> devenu <Piscines Chambly> sur l’avenue Bourgogne. On a conservé la forme typique du fronton d’une salle de théâtre. Cette salle a définitivement fermé ses portes vers 1975“.

Au cours de cette carrière exceptionnelle, le couple Bertha Riendeau et Georges Bouchard donnera naissance à dix enfants: Georges-Henri (1913), Jean-Marie-Joseph-Albert (1915), Marie-Marthe-Marguerite (1917), Joseph-Augustin-Jean (1918-1919), Rita-Jacqueline-Bertha (1920), Yvette-Madeleine (1923-1926), Germaine-Andrée (1925-1925), Joseph-Jean-Louis (1926), Joseph-Aquilas-André (1927) et Fernand-Jean (1930).

Sources: Louise Chevrier: Chambly-Canton et la belle époque. Texte publié sur le site web de la SHSC. Informations et photos fournies par Mme Andrée Galipeau-Papineau, membre de la Société d’histoire de La Prairie La Magdeleine, petite-fille de Bertha Riendeau. Registres des paroisses Saint-Joseph-de-Chambly et de Très-Saint-Coeur-de-Marie.

Illustration: Bertha Riendeau, âgée de 20 ans. Avec l’autorisation de Louise Chevrier.