À qui doit-on le tracé des chemins du roi, rue Richelieu et avenue Bourgogne, à Chambly ?

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Le régiment de Carignan-Salières avait affecté un bon nombre de ses soldats pour ouvrir un chemin entre le fort de Chambly et celui de Saint-Thérèse. Ce sont les compagnies La Motte et Grandfontaine qui se mettent à la tâche en octobre 1665. On a donc déboisé, asséché, nivelé, ponté un premier “sentier” qui est devenu l’actuelle rue Richelieu. Il est possible de croire que ce chemin primitif ait suivi une piste amérindienne très ancienne. Cette route de portage a porté plusieurs noms, comme le “chemin du Roi”, “le Vieux Chemin, la rue Pontchartrain, la rue du Moulin, la rue du Bord de l’eau, la rue des Rapides”, sans compter leur équivalent en anglais.

L’avenue Bourgogne, qui part du fort et se rend aux limites est de la seigneurie, a été aussi une construction militaire à l’origine. Cette deuxième route de portage a été tracée par les soldats des troupes de Montcalm. Bougainville précise que le bataillon de Guyenne est parti le 13 mai 1757 de Québec et va camper à Sainte-Thérèse, d’où, écrit-il, il accommodera le chemin, de Chambly à Saint-Jean. … On travailla dans les mois de mai et juin de cette année (1757) à un chemin de Chambly au portage. Le régiment de Guyenne y fut employé. M. de la Pause, aide-major, en eut le détail et dirigea cet ouvrage. Ce chemin fut pratiqué dans le terrain le plus uni et le plus beau de ce canton.

Les actes de notaire confirment que ce chemin fut ouvert à cette date. En effet, Amable Boileau achetait, devant le notaire Antoine Grisé, le 15 juillet 1760, un terrain d’un arpent de front, situé entre les deux chemins du portage. Ce lot, au faubourg Saint-Jean-Baptiste, était borné devant au chemin du roi qui va au portage le long des rapides, et derrière au chemin du roi neuf qui va au dit portage. En d’autres termes, ce lot s’étendait de l’actuelle rue Richelieu jusqu’à l’actuelle avenue Bourgogne.

Ce “chemin Neuf” a aussi porté les noms suivants: “Grand Chemin”, “Grand Military Road”, “chemin de la Reine qui va de Chambly à Saint-Jean”, “rue Principale”, “Burgoyne Street” francisé en avenue Bourgogne.

Les autres routes ou “rangs”, chemins de “front, chemins de “ligne” ou chemins de “descente” étaient à la charge des habitants riverains, pour les construire et les entretenir, après que le grand voyer eut déterminé leur emplacement.

Illustrations: L’avenue Bourgogne vers 1900, Fonds Armand Auclaire, no P001p28 et La rue Richelieu menant au fort, vers 1900, P001p08

Sources: Rapport de l’archiviste de la Province de Québec, 1923-1924, Journal de Bougainville, page 323; 1924-1925, Mémoire du Canada, page 135 et 136.