Un illustre inconnu de Chambly, Eusèbe-Hyacinthe Fréchette

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Il était lieutenant-colonel de milice, occupant ainsi une des fonctions les plus élevées dans la hiérarchie.  Juge de paix, commissaire pour la décision sommaire des petites causes, il a été échevin municipal, puis maire de Chambly-Bassin de 1861 à 1867. C’est aussi un philanthrope et un mécène

C’est un négociant de profession, originaire de Montréal. Eusèbe-Hyacinthe Fréchette (1801-1889), à qui l’on doit le nom du boulevard Fréchette. Il avait épousé Marguerite Gauvin ( 1809-1843) à Montréal le 8 octobre 1839. Il s’installe à Chambly vers 1832. “Il achète de John B. Roy, marchand de Montréal, un emplacement ayant 58 arpents de front sur la profondeur, borné d’un côté à la terre de René Boileau et d’autre côté au docteur Jean-François Bossu-Lyonnais, avec une maison en bois dessus construite“. (L. I. Truteau, 22 septembre 1832, enregistré no 996). Il tient un commerce de marchandises variées, telles que: “pintes de rhum, mélasse, vinaigre, sel , vin d’Espagne, huile, etc.  En 1852, il s’offre un pèlerinage à Rome, ce qui n’est pas banal à l’époque. Il en a rapporté “une montre qui a touché au bois très saint de la Vraie Croix“.

Eusèbe-Hyacinthe Fréchette donne à la corporation du village du Bassin “un terrain pour le monument national en mémoire de feu le lieutenant-colonel de Salaberry“. Ce terrain devra être connu sous le nom de “Parc Fréchette” (Scheffer: 5 octobre 1877), précise-t-il. Le maire d’alors, Godefroi Larocque, l’accepte. Il cède aussi gratuitement un agrandissement du terrainsoit un excédent de 100 pieds d’un côté et de 108 pieds de l’autre côté (Charles-Gédéon  Scheffer: 28 avril 1881). En 1875, Il lègue une terre aux Soeurs Grises de Chambly de 3¾ arpents de front par 40 arpents de profondeur… et il fait des dons à ses neveux pour les faire instruire“. Il avait auparavant avantagé les Soeurs Grises “en donnant à la communauté une somme de 500 livres cours actuel (équivalent à 1000 $ de l’époque), pour aider à bâtir et faire les réparations qui seront nécessaires à l’établissement de Chambly“… (Paul-Solyme Bertrand, 11 juin 1869).

Il agit comme tuteur de la famille Porlier, voisine (Joseph Porlier notaire, et Zoé Boileau. Inventaire de René Boileau). Il engage Joseph-Alfred Porlier pour parachever ses études de médecine chez Charles Boucher de Grosbois jusqu’à son âge de majorité (Scheffer: 29 mars 1843. Registre de St-Joseph: 18 janvier 1842). En 1855, le lieutenant-colonel Fréchette fait la promotion de la venue du chemin de fer à Chambly.

Au recensement de 1851, il donne 52 ans d’âge, natif du Canada; et il habite avec Augustin Fréchette, 67 ans. Dans la même maison on trouve, Sophie Lamouche, 47 ans, servante, Marie Scheffer, 32 ans, servante. En 1871, Élise Lamarche, 51 ans, servante. En 1881, Clémentine Houle 37 ans, servante et Olympe de Senneville, 26 ans servante. Il habitait au 1566, avenue Bourgogne. Cette maison voisinait le magasin d’Adrien Brien au sud, et la maison d’Amédée Allard, au nord.

Il a possédé une grande quantité de terrains dans Chambly, particulièrement le long de l’avenue Salaberry. Ses propriétés en 1889 consistaient en une terre au village du Bassin partie du no 116, avec une maison et autres bâtisses (autrefois au 1596, avenue Bourgogne, comprenant le Centre commercial actuel). un lot à Chambly-Bassin, partie du no 113 , borné en front au chemin du Roi, borné du côté ouest au reste du 113 appartenant à Charles-Amédée Allard, avec une maison en briques à deux étages, (1566, avenue Bourgogne), une écurie en briques et autres bâtisses. Une terre au Bassin, no 22, avec une maison en bois et autres bâtisses. Un lot de terre, subdivision 1 à 16 du no 93, avec une grange. Un lot, faisant partie du no 7, subdivision du no 93.

Il dicte de nombreux testaments. Le premier chez le notaire Paul Bertrand, le 15 mars 1866. Ensuite dans l’office du notaire Norbert-Damase-Daniel Bessette aux dates suivantes : 15 décembre 1875, 21 novembre 1879, 23 décembre 1882, 14 avril 1884, 18 avril 1885. Enfin chez le notaire Émery Bertrand, le 27 mars 1888; (Scheffer; 1889). En 1875, Eusèbe-Hyacinthe Fréchette stipule qu’il veut un caveau funéraire dans le cimetière de Chambly, semblable à celui de l’avocat Pierre Moreau à Longueuil, pour lui, ses frères, ses soeurs, neveux et nièces.

Selon ses dernières volontés, Il lègue à Honoré Fréchette, prêtre, son arrière neveu, ses trois tableaux de famille dans son salon, dont le sien propre. Aux Sœurs  de l’Hôpital Général 200 $, à la corporation du Collège de Chambly 200 $, aux Frères de L’Instruction Chrétienne, si cette communauté établit son noviciat à Chambly, 200 $. À Honoré Fréchette, fils de Michel, son neveu qui demeure avec lui, “à condition qu’il demeure dans ma maison avec sa femme et sa belle-mère jusqu’à sa mort, pour prendre soin de lui”… etc, le reste de ses biens. Le couple Fréchette-Gauvin n’a eu qu’une seule fille Marguerite-Hermine, baptisée en 1841, décédée en 1842, âgée de 5 mois. Le lieutenant-colonel Fréchette est inhumé à Chambly le 16 juin 1889.

Illustrations. Archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly, la résidence du Sieur Fréchette vers 1910-20 (photo en haut de page) et vers 1970 (photo ci dessus). Acte de décès de Fréchette le 16 juin 1889.

Références:  Basile Larocque, 29 mai 1839, 27 janvier 1843, Charles Robert, 10 février 1864. Charles-Gédéon Scheffer, 18 février 1861et 16 mars 1865. Émery-Philippe Bertrand, 27 mars 1888, enregistré no 21339, vol B-48, page 875