Une personnalité de chez-nous, le sénateur Frédéric-Liguori Béique

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE Frédéric-Liguori Béique (1845-1933) est né à Saint-Mathias le 20 mai 1845 du mariage de Louis Béique dit Lafleur, cultivateur, et d’Élisabeth Lhomme dit Artois. Il est le neuvième des dix enfants de ce couple. “Il avait hérité, surtout de sa mère, je crois, d’un ardent amour du travail et d’une vue assez juste des hommes et des choses“. (p. 63).

Les initiatives, les oeuvres et les titres du sénateur Béique sont trop nombreux pour prendre place dans ce court article. Nous insistons sur l’influence qu’il a eu au sein de la compagnie “Royal Électric” pour faire construire la centrale hydroélectrique de Richelieu en 1896-99, sur notre rivière.  Il fut maire de Dorion pendant deux ans. Sa fréquentation du gratin libéral de l’époque le mit en relation avec, entre autres, les David, Geoffrion, Beauchamp, Dandurand, Perreault, Thibodeau et Wilfrid Laurier. Avec eux, il donna vie au “Monument Nationalun édifice qui devait devenir le centre de ralliement pour les Canadiens français” (p. 66). Il fut président de la Caisse Nationale d’Économie, un des fondateurs du journal “Le Canada“, un des directeurs de la compagnie de Tramways Suburbains de Montréal.

Dans le domaine politique, il fut “le principal artisan de la Loi des Compagnies, de la loi des Chemins de fer, de la loi des Banques et de la loi des Assurances. De nombreuses innovations dans le Code Civil et dans le Code de Procédure sont dues à son initiative” (p. 71). Quand il mourut, il était sénateur, membre de Conseil Privé, président de la Banque Canadienne Nationale, président de l’Université de Montréal, membre du comité exécutif de la compagnie du Pacifique Canadien, directeur et vice-président de Canadian Cottons, membre d’honneur de la Société St-Jean-Baptiste et officier de la Légion d’honneur française

L’avocat Béique épousera Caroline Dessaulles (1852-1946), fille unique de Louis-Antoine Dessaulles (1818-1895), seigneur de Saint-Hyacinthe, et de Catherine Thompson. Le mariage célébré à Montréal le 15 avril 1875, engendrera dix enfants Béique: Louis, Henri, Freddy, Paul, Eugène, Caroline, Victor, Alice, John et ..?. (Recensement de 1901). “Le quinze avril 1875, je fus mariée à monsieur F. L. Béique“, précise-t-elle. Il avait 30 ans, elle en a 23. Puis voyage de noces de six semaines en Europe. “Ma vie de femme mariée a été celle des mères canadiennes-françaises de mon temps. Vie de maternités répétées, de travail à la maison et de soin des enfantsAyant élevé dix enfants, poursuit Mme Béique, j’eus plus de vingt années de la routine ordinaire de maladies personnelles ou de maladies d’enfants, d’inquiétudes de toutes sortes, mais aussi de bonheur familial… ” (p. 44). Quand la marmaille fut partie de la maison, Mme Béique s’impliqua dans plusieurs oeuvres sociales. Elle devint présidente des dames patronnesses de la Société St-Jean-Baptiste. Elle travailla à mettre sur pied une École ménagère. “Une autre oeuvre à laquelle je m’intéressai vivement fut l’institution d’un tribunal spécial pour les enfants”, ou cour juvénile (p. 264). Elle fut élue vice-présidente du “Club libéral des femmes de Montréal“, et elle “prit plaisir” à la fondation de la Société des Concerts symphoniques de Montréal, sous l’initiative d’Athanase David et le talent de Wilfrid Pelletier.

Le couple a vécu pendant 24 ans sur une ile (appelée ile Béique) dans la région de Vaudreuil. Aménagée, depuis 1885, à grands renforts de pierre, de poutres, et de remblais de terre, la maison fut vendue. Le couple acheta (1909) “deux fermes à Ville Lasalle.” C’était alors une campagne.

Pour en savoir davantage sur cette famille Béique-Dessaulles, nous recommandons au lecteur les deux ouvrages cités plus bas. Celui de Mme Béique est une oeuvre rare, toute en délicatesse, avec une abondance d’anecdotes d’époque. On y fréquente les prestigieuses et influentes dames Mme Rosaire Thibodeau, Mme Raoul Dandurand, Lady Lacoste, Mme Louis Beaubien, Françoise Barry, Madame L. O. Loranger, Thérèse Casgrain-Forget et bien d’autres célébrités montréalaises. L’étude de Aubin et Lamonde raconte les aventures désoeuvrées et désespérées à Paris du père de Caroline Dessaules. Celle-ci lui fournit de quoi survivre financièrement, mais ne souffle aucun mot de son père dans sa monographie. Étonnant !!!

 

Illustrations, extraites du livre de Mme F. L. Béique, pages 17 et 32

Sources: Béique, Mme F.-L. Béique, Quatre-vingt ans de souvenirs, Histoire d’une famille, 1939, Éditions Bernard-Valiquette, 287 pages. Un exemplaire est disponible à la SHSC, cote 920.BEI. Georges Aubin et Yvan Lamonde, Louis-Antoine Dessaulles. Paris illuminé. Le sombre exil. Lettres 1878-1895, Presses de l’université Laval, 2019, 251 pages.