OPINION – Avec la campagne électorale, je réalise l’ampleur du non-sens des priorités des plusieurs électeurs. Ça m’amène à réfléchir sur ce qui dicte nos priorités et je constate que c’est souvent notre petit confort, ce qui nous demande le moins d’effort, ce qui ne bouscule pas trop nos vies, finalement le «je, me, moi»!
Les journaux et divers médias ont fait la liste des priorités des Québécois pour les élections; la santé arrive en premier et l’environnement en 6e position. Pourtant, ces 2 points sont extrêmement liés dans la vie. Vous n’avez qu’à penser lorsqu’une personne vous annonce qu’elle a le cancer, la première réflexion qui vient à l’esprit c’est qu’avec tous les pesticides utilisés, la pollution, les OGM, c’est pas étonnant qu’il y ait autant de cancer!
La pollution atmosphérique est responsable de 6,5 millions de décès à travers le monde chaque année, elle est responsable de l’augmentation des maladies cardiaques et pulmonaires. Cet été au Québec, avec les canicules, à la mi-juillet on dénombrait 89 morts et on prévoit que, pour les 5 prochaines années, la température va être de plus en plus chaude l’été… conséquence du réchauffement climatique, conséquence de l’augmentation de la pollution.
L’environnement à un effet direct sur la santé pourtant il se retrouve au 6e rang de nos priorités. J’essaye de comprendre; avant de choisir les soins hospitaliers en priorité, je choisirai tout simplement de privilégier mon environnement afin de ne pas avoir à utiliser les services de santé! Il est certain qu’on ne règle pas tout avec un environnement sain, mais on règle une bonne partie des problèmes.
En prenant un café dans un resto en début de semaine, je lisais le journal qui traînait sur la table. J’ai lu un éditorial d’une journaliste dont je tairai le nom, car je suis tombée en bas de ma chaise de voir qu’on pouvait publier des énormités de ce genre. En résumé, elle disait «pourquoi je devrais faire des efforts quand les autres pays polluent ?». La réponse est simple; si tout le monde pense comme ça, on peut dire adieu à notre santé et à notre planète très rapidement. J’ai des enfants et un jour des petits enfants; est-ce que j’ai vraiment le goût qu’ils vivent sur une planète qui les rendra malades ? Non! Je ne ferai jamais ça à mes enfants. Je veux avoir le sentiment d’avoir fait ma part pour améliorer leur environnement, même si je ne représente qu’une infime goutte. Si tous les citoyens font un effort, et qu’ils mettent de la pression sur les entreprises, ça va commencer à faire une différence.
Présentement, sans réel effort des gouvernements et des citoyens, nous sommes pris dans un cercle vicieux. Plus on pollue, plus la température augmente, plus la température augmente, plus les gens utilisent des airs climatisés, plus on utilise des airs climatisés, plus on contribue au réchauffement climatique! La grande question est : est-ce que je suis prêt à ne pas ou peu utiliser l’air climatisé ou est-ce que je suis prêt à investir dans des moyens plus écologiques pour refroidir ma maison ? Pour limiter l’utilisation des pesticides, est-ce que je suis prêt à faire l’effort d’acheter bio et local, d’accepter de voir des pissenlits pousser sur mon terrain ? Est-ce que je suis prêt à éteindre le moteur de ma voiture et d’entrer dans un resto plutôt que de laisser le moteur tourner au ralenti dans une longue filée pour le service au volant ? Est-ce que je suis prêt à accepter d’avoir froid quelques minutes dans mon auto l’hiver pour éviter de laisser tourner mon moteur ? Même chose l’été quand certain individu laisse tourner le moteur pour embarquer dans une voiture fraîche ?
Poser ces questions m’amène à comprendre pourquoi l’environnement devient la 6e priorité; demander un meilleur système de santé ne me demande aucun effort, tandis que protégez ma santé en protégeant l’environnement m’en demande. Lorsqu’on se souhaite «d’la santé» au Nouvel An, en se disant que lorsqu’on a la santé, on n’a pas besoin vraiment d’autre chose, est-ce que c’est sincère ou ce n’est que des belles paroles ?
Alors si la santé est réellement la priorité numéro 1 des Québécois, l’environnement devrait arriver ex aequo.
En cette période d’élection, comme les quatre parties font des propositions pour améliorer le système de la santé, on devrait s’attarder aussi sur les partis qui ont un bon programme en environnement. Avec un bon programme en environnement, on peut en déduire que la santé et le bien-être de la population sont vraiment des enjeux importants pour un parti. Ce qui est triste, c’est que deux partis n’ont à peu près rien à proposer dans leur programme concernant l’environnement.
Marie-Hélène Gagnon
Saint-Césaire