Paul-Henri Hudon
HISTOIRE – Hedwidge Davignon (1820-1903) est née à Saint-Mathias-sur-Richelieu le 29 avril 1820. Neuvième des onze enfants nés du mariage du capitaine de milice Joseph Davignon (1783-1825) avec Victoire Vandandaigue dit Gadbois (1787-1859), Hedwidge sera orpheline à l’âge de cinq ans. En 1844, elle entrait chez les religieuses des Saints Noms de Jésus et de Marie, communauté enseignante à Longueuil. Postulante, novice, professe, elle accède rapidement à des fonction de direction: “assistante générale” (1848), puis “supérieure générale” (1849). On la retrouvera Mère Supérieure à Portland dans l’État d’Orégon. Hedwidge Davignon mourra en 1903.
“Bonne, oui; mais pas jolie”, disait-on de la révérende soeur Hedwidge, de son nom de religion “Soeur Véronique du Crucifix“ ! “Mais avec son bel air et ses manières douces, elle paraissait bien. Elle avait le teint très brun (parce que, ricanait-elle), dans son enfance elle avait passé par la fumée d’un volcan”…. “Elle enseignait d’une façon attrayante, et, les jours de congé, elle nous amusait en nous racontant des histoires et même en jouant du piano pour nous faire danser <la galopade>, ce qui n’était pas dangereux, je vous assure” selon le témoignage d’une ex-étudiante. (page 75).
Quant au costume, le règlement permet: “Pendant l’été, les Soeurs porteront une passe au lieu d’un chapeau, lorsqu’elles auront à sortir; et, en hiver, un bonnet piqué…” (p. 98). “Il faut mettre la coiffe de manière qu’en regardant en face, vous ne soyez pas obligées de regarder à travers la gaze… Les Soeurs se confectionnaient des coiffes en mousseline, d’après le patron reçu… Les oculistes avaient observé qu’elles avaient la vue fatiguée, parce que la coiffe était portée trop en avant. On crut devoir la mettre un peu plus en arrière“. (p. 82)
Cette famille Davignon demeure manifestement exceptionnelle par la haute qualité d’instruction de tous leurs enfants. Trois des quatre garçons deviendront médecins, soit François-Joseph, Louis et Pierre-Hubert. Un autre, Donat, sera notaire. Chez les sept filles, quatre deviendront religieuses. Virginie chez les Soeurs de l’Hôtel-Dieu, Mathilde (soeur Madeleine) chez les religieuses de La Providence. Hedwidge et Rosalie (veuve du marchand Charles Mongeon), au couvent de Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. Césarie-Cordélie et Victoire épouseront des marchands, alors qu’Émilie épousera un médecin. Elles étaient toutes aptes à enseigner, dans le foyer familial transformé en “académie”, après le décès de leur père.
La demeure paternelle des Davignon deviendra entre autres la résidence des Missionnaires d’Afrique dits “Pères Blancs“. Ceux-ci ont tenu un noviciat dans la résidence Davignon à partir du mois d’août 1923. La maison de pierre leur a servi aussi de maison de repos. On peut la voir, en 2021, presque inchangée, au 235, Chemin des Patriotes à Saint-Mathias-sur-Richelieu.
Références. Les illustrations sont extraites du livre “Histoire de la Congrégation des Soeurs des SS. NN. de Jésus et de Marie, Mère Véronique du Crucifix“, Éditions Thérien Frères Limitée, Montréal, 1930, 495 pages. François-Joseph Davignon, le médecin et patriote exilé, leur mère Victoire Vandandaigue et Donat Davignon, notaire.