Paul-Henri Hudon
HISTOIRE – Le 18 novembre 1837, les Habits rouges britanniques remontent le chemin de Chambly depuis Longueuil pour venir s’installer dans les casernes près du fort. Ce ne fut pas sans quelques anicroches. Lisons:
“À environ six milles de Chambly, un homme armé fut atteint sur la route, qui avoua être sorti pour aller prendre un parti qui était destiné à intercepter les troupes.
Un mille plus loin, la caravane qui était un peu de l’avant donna la chasse à un parti de trente cavaliers environ. Après un mille et demi de chasse vigoureuse, la plupart gagnèrent le bois, tandis que le reste s’échappa par la route. Une compagnie d’infanterie arrivant alors reçut l’ordre d’entrer dans le bois et la cavalerie fut placée au bord du bois pour intercepter ceux qui en seraient chassés. Il fut tiré de part et d’autre vingt à trente coups sans qu’on sache avec quel effet sur les insurgés, auxquels on fit deux prisonniers, Mongeau, père et fils, et prit quelques chevaux. Aucun soldat ne fut blessé. Mongeau, père, était armé d’un pistolet et le fils d’un fusil. Tous deux avaient des cartouches qu’ils déclarèrent leur avoir été fournies par le Docteur Kimber de Chambly, qui est invisible. (Le Canadien, 22 novembre 1837). Sydney Bellingham précise: “Environ quatre milles avant Chambly, nous vîmes plusieurs hommes armés à cheval sur un chemin de concession. Pourchassés, ils se dispersèrent dans un bois voisin d’où ils furent délogés… Il s’agit de l’actuel chemin Bellevue, dans la municipalité de Carignan.
En arrivant à l’auberge de Booth, non loin de Chambly les troupes rencontrèrent un parti d’environ cent hommes postés de l’autre côté du pont, mais ils s’éloignèrent avec tant de vitesse à l’arrivée des troupes qu’on ne put en prendre que quatre. L’expédition arriva à Chambly un peu après soleil couché avec ses sept prisonniers“. (Le Canadien, 22 novembre 1837). Quant à Bellingham, il ajoute: “Nous fumes informés qu’un gros groupe d’au moins une centaine d’hommes armés s’étaient rassemblés près de la taverne de Booth dans le but de s’opposer aux troupes…” Cet incident implique des résidents du village de Chambly Bassin et des résidents des rangs le long de la rivière L’Acadie.
Ansell Booth (c1794-1862) est un aubergiste d’origine américaine, qui tient un établissement au coin sud-ouest (?) du chemin Chambly et de l’actuel chemin Bellerive. Les chroniques l’appellent “Booth’s Tavern“, sorte de buvette populaire, située près du pont de la rivière L’Acadie actuel. (Voir la carte de G. Wells, page 125, dans Cinq-Mars, L’avènement du premier chemin de fer au Canada).
Les sept prisonniers du chemin Chambly seraient les suivants : Louis Mongeau (1811-1872) junior, Louis Mongeau (c1785-1858) père, et Joseph Ménard qui demeuraient dans le rang des Quarante (Chemin Bellevue actuel). Joseph Pépin, Augustin Blanchette, Ambroise Choquette et Antoine Forti (c1774-1870) (Montreal Gazette, 2 décembre 1837).