Un bateau d’incompétence dans un océan de fonctionnaires

OPINION – En 2019, la musique distribuée sur toutes les plateformes numériques (Spotify, Deezer, Stingray, Sirius xm et cie) rapporte aux artistes de l’international un fragment de ce qu’ils méritent. On le sait bien, le streaming sur Spotify n’offre même pas un cent bien rond à l’artiste pour l’écoute d’une de ses chansons par les utilisateurs. On se demande donc comment ils survivent et ceux qui réussissent moindrement se font mordre derechef à pleines dents par notre grand méchant loup national, le gouvernement.

En effet, il existe des sociétés au Canada qui, moyennant un pourcentage des redevances équitables (redevances musicales destinées à l’artiste et au producteur), s’occupent de récolter ces redevances à l’international et de les remettre à qui de droit. Ceux qui n’avaient pas idée posséder de l’argent qui dormait quelque part peuvent s’inscrire à ces sociétés et par le fruit de multiples obstinations et de l’attente interminable, se verront recevoir leur dû… Heureux celui qui sera dûment payé pour ses efforts, il comprendra vite qu’il s’est fait avoir, car le cadeau est empoisonné.

Parfois, mettant plusieurs années à constater ses dus, le montant versé peut être acheminé sur une longue période de temps. Il devrait donc être déclaré ainsi, ce qui n’est malheureusement pas le cas! Artisti, une société implantée au Québec, ne déclare pas sur ses relevés sur combien de temps s’est accumulé la mince fortune de l’artiste. Ce qui fait une énorme différence si vous obtenez, par exemple, 30 000 $ sur 3 ans, mais que ce montant est affiché comme s’il provenait de la même année. Vous vous verrez donc payer 5000$ dollars d’impôts alors que le gouvernement devrait vous rembourser. Ce qui est extrêmement frustrant pour un artiste ayant difficilement de peine à égaliser ses fins de mois.

Le pire, c’est qu’il n’est apparemment pas possible d’obtenir un relevé détaillé. Lorsqu’on leur demande, la réponse obtenue est que tout le monde est dans le même bateau et qu’il faudrait refaire chacun des relevés envoyés. Cela sonne énormément comme de l’incompétence : n’ayant pas fait notre travail comme il le fallait au départ (et nous sommes payés un pourcentage de vos revenus pour le faire) chacun d’entre vous se verra donc subir notre incompétence et les pertes qui lui sont reliées!

Ainsi, après s’être servi dans vos recettes, cette société que vous avez cru être un atout, une mesure implantée pour venir en aide aux artistes locaux, se débarrassera de votre dossier entre vos mains comme une vulgaire patate chaude dont plus personne ne veut mis à part notre sympathique gouvernement qui, heureux et souriant, cognera amicalement à votre porte avec ses grands yeux, son long museau et ses dents acérées.

Avec espoir que les choses changent, signé cordialement :

Charles-David Lapierre, auteur-compositeur et interprète

Chambly