Paul-Henri Hudon
HISTOIRE – La cueillette de la sève d’érable est longtemps demeurée une activité domestique voire artisanale. Cette production saisonnière de “sucre du pays” était vue comme aliment de pauvre pour consommation privée. Alors que les bourgeois, loin de ce sucre brut, se délectaient du glucose blanc raffiné, importé des “Iles”. Bref, le “temps des sucres” conservait son image folklorique de distraction printanière, contrairement au produit commercial, venant de la canne. Comme la cassonade et la mélasse. Le sucre d’érable a laissé la place au sirop d’érable qui a depuis conquis ses lettres de noblesse.
“Jacques Gauthier dit St-Germain possédait une sucrerie à Saint-Jean-Baptiste de Rouville, avec tous les auges et la cabane” (Pétrimoulx, 27 juin 1803). “Le marchand Pierre Brunet de Saint-Mathias donne à ses enfants une terre à la montagne de Rougemont avec quatre sucreries”. (Pétrimoulx, 16 décembre 1807). “François Béique loue deux sucreries sur la montagne de Rougemont à Lias Bachelder, aubergiste de St-Mathias” (P. Bertrand, 14 mars 1833).
“La dame, veuve de Pierre-Louis Panet, vend des “arbres à sucre” à plusieurs cultivateurs de Sorel, à charge de verser dix livres de sucre par cent arbres au seigneur”. (Henry Crebassa, 23 mai 1821).
Mais on se sucrait le bec avec d’autres douceurs: On cite “M. Trudeau de Chambly dont l’industrie du miel s’exerce sur une échelle si considérable. Ses bénéfices, nous dit-on, sont très grands. Son mode de clarifier ce délicieux comestible est vraiment surprenant (L’Ordre, 16 décembre 1859, page 1). René Boileau de Chambly-Bassin cultivait annuellement un miel de qualité.
Il faudra attendre quelques années pour s’intéresser à la culture de la betterave à sucre au Canada. Le député de Chambly, Pierre-Basile Benoit, tente d’intéresser des habitants à cette industrie (La Semaine Agricole, 11 avril 1873). Dans les années 1875 on fait quelques essais de production commerciale. “Les premiers producteurs dans le comté de Rouville (aucun dans le comte de Chambly) sont le révérend J. A. Provençal curé à St-Césaire, le révérend M. A. Boivin à Sainte-Marie, le capitaine Campbell à St-Hilaire, Charles H. Letestu à Saint-Hilaire”. (Rapport général des Commissaires de l’Agriculture et des Travaux publics de la Province de Québec, Vol, 1876 et s, p. 73, BAnQ).
En 1879, la Farnham Beet Root Sugar Co. Est créée. “L’union sucrière du Canada”, un groupe de Français et de Belges, inaugure une industrie de cette sorte à Berthierville, vers 1879. En 1882, on doit déplorer un échec.
Illustrations. L’Opinion Publique, 18 mars 1875.
Raffinerie de sucre à Mont-Saint-Hilaire. (Société d’histoire de Beloeil-Mont-St-Hilaire, fonds Michel Clerk)