Subvention pour le parascolaire…

OPINION – Pour l’année scolaire 2019-2020, le gouvernement de la CAQ a annoncé une subvention pour bonifier le parascolaire. Pour la commission scolaire des Hautes-Rivières, ça représente 300 000.00$. Pour la première année, la subvention doit toucher 25% des élèves de la commission scolaire. Celle-ci a choisi quelques écoles de la ville de St-Jean-sur-Richelieu uniquement (…)

À première vue, ça semble intéressant sauf que lorsqu’on regarde de plus près, c’est très décevant. Comme d’habitude, cette subvention a sûrement été réfléchie par des fonctionnaires dans le fond de leur bureau qui n’ont jamais mis les pieds sur le terrain!

Cette subvention s’adresse aux nouveaux projets uniquement, donc la commission scolaire a engagé un technicien en loisirs pour créer de nouveaux projets. Dès le départ une partie de la subvention sert à un salaire qui ne profite pas aux enfants. Dans un second temps, le problème du parascolaire est beaucoup plus dû à un manque de personnes pour s’en occuper que pour des idées d’activités.

Le parascolaire qui existe déjà n’est pas éligible à cette subvention et tous les sports qui relèvent de la RSEQ (Réseau des sports étudiants du Québec) ne sont pas éligibles non plus! Qu’est-ce que ça donne de créer du nouveau quand on ne supporte même pas ce qui existe ?

J’étais tellement en colère lorsque j’ai appris les détails de la subvention que j’ai décidé de téléphoner au bureau de Madame Isabelle Charest, ministre déléguée aux sports et loisirs, pour vérifier car je croyais qu’il y avait une erreur dans l’utilisation de celle-ci. J’ai demandé à la dame qui m’a répondu si c’était vrai que tous les sports qui font partie de la RSEQ étaient exclus de la subvention. Elle m’a répondu que c’était vrai car ce n’est pas du parascolaire, ce qui est faux l’ai-je informé.

Elle m’a dit aussi que ce sont des sports compétitifs, à cela j’ai répondu que je ne voyais pas de lien. Elle m’a dit que cette subvention avait pour but de donner le goût aux élèves de se lever le matin et d’aller à l’école, ce à quoi j’ai répondu «mais qu’est-ce que vous croyez qu’on fait depuis des années ???». J’ai trouvé que ce gouvernement était fort méprisant pour tout ce qui ce fait déjà dans les écoles.

Je vais parler, en mon nom, pour l’équipe de football dont je m’occupe mais dont l’histoire est sûrement très semblable à plein d’équipes sportives dans les écoles. Dans notre cas, ça fait 14 ans que notre équipe existe. Pour démarrer l’équipe, nous sommes 6 parents à avoir travaillé comme des forcenés pour permettre à des élèves d’avoir une équipe de football dans leur école…tout ça bénévolement! À travers les années, nous avons fait des levées de fonds et sollicité les entreprises, tout ça en entraînant et gérant l’équipe.

Durant la saison, ça représente environ entre 15 et 25 heures de bénévolat par semaine et les entraîneurs de l’équipe sont tous des bénévoles! Quel est le but premier de tous ces bénévoles ? Donnez le goût du sport aux élèves, leur partager des bonnes valeurs, les garder à l’école et leur permettre d’obtenir leur diplôme. On travaille aussi très fort à maintenir le coût d’inscription le plus bas possible afin que tous puissent participer. Faire parti de la RSEQ est obligatoire pour affronter d’autres équipes et la facture pour cette année est de 2300.00$ pour notre équipe.

Tous les sports ont un montant à payer, ce qui rend souvent difficile de créer de nouvelles équipes car ça gonfle le coût d’inscription des joueurs. Le gouvernement ne veut pas subventionner les équipes compétitives, nommez-moi alors combien d’équipes sportives pourraient exister s’ils n’affrontaient aucune autre équipe ?

Ce même gouvernement a-t-il vérifié auprès d’anciens élèves ce qui leurs donnaient le goût d’aller à l’école ? Il aurait été surpris de constater que les équipes sportives parascolaires ont joué et jouent encore un grand rôle dans la réussite et le non décrochage scolaire.

Au Québec, le taux de décrochage se situe autour de 65% pour les garçons et il est prouvé que 80% des élèves qui jouent au football à l’école terminent leur secondaire 5 (cette statistique s’applique sûrement à d’autres sports). La majorité de ces équipes sont à bout de souffle financièrement et le recrutement d’entraîneurs est difficile. Pourtant, malgré le grand succès de celles-ci pour contrer le décrochage scolaire, le gouvernement leur tourne le dos! Belle reconnaissance!

Un peu d’aide n’aurait pas été de refus pour tous ceux qui supportent à bout de bras ces équipes, mais ce gouvernement préfère réinventer le bouton à 4 trous. Ce bouton est pourtant déjà très efficace !

On peut le re-décorer, modifier un peu la forme mais, à la base, il restera un bouton à 4 trous efficace !

Marie-Hélène Gagnon
St-Césaire