Les Rustres : Guerre des sexes au 18e siècle

CHAMBLY – Le café-théâtre de Chambly nous convie ce mois-ci à une joyeuse équipée avec la pièce Les Rustres, de Goldoni. Tous les ingrédients sont réunis pour chasser la grisaille des derniers jours. Le texte est fort bien rendu par l’ensemble de la production qui est bien dirigée par le metteur en scène Daniel Boutin.

Ce dernier a d’ailleurs mis la table en lever de rideau en avertissant les spectateurs qui seraient tentés de lancer des objets aux comédiens masculins qui en feront voir de toutes les couleurs à la gent féminine. Le propos est rieur et frondeur.

Faut-il rappeler que Carlo Goldoni qui avait écrit cette pièce en 1760, et présentée à la fin du Carnaval de Venise avait fait scandale. Au centre de l’intrigue s’y trouve une guerre des sexes sur fond de misogynie… à une époque où le respect des hiérarchies dictait les comportements en société. Les hommes respectaient les institutions, les femmes obéissaient à leurs époux, et les enfants faisaient de même envers leurs parents… mais la rébellion couve…un tissu social part à la dérive, la bourgeoisie se voit servir toute une claque !

L’intrigue…

L’histoire prend naissance autour d’un mariage «arrangé». Les femmes complotent un rendez-vous entre la promise (Lucietta) et son élu (Filipetto), avant l’annonce de leur mariage. Le père de la jouvencelle lui, ne voit pas la chose du même œil. En fait, il ne veut que nul  ne le sache ! ni les futurs mariés, ni son épouse, personne !

On assistera à des joutes épiques entre les hommes et les femmes où bien sûr, ce sont ces dernières qui arriveront à leurs fins.

Joué dans un décor sobre, à la limite du minimalisme, seuls les costumes nous renvoyant au Venise du 18e Siècle, Les Rustres, mouture chamblyenne, donne toute la place au jeu des acteurs, parmi lesquels certains survolent la production par le dynamisme de leur jeu; à commencer par Hélène Michaud, qui campe une Felice physique à souhait, qui peut également  offrir une palette toute en nuance et en verve. Elle sera un des personnages pivots de la pièce et offrira ses meilleurs effets de toge au second acte, qui vaut lui seul le déplacement !

La comédienne d’expérience Chantal Reichel offre également une belle performance dans le rôle de Margarita, la mère de la promise Lucietta, interprétée avec candeur par Sophie Gagnon-Styrczula. Benoit Lacombe excelle dans le rôle du promis Filipetto qui devra se travestir pour rencontrer sa promise avant leurs épousailles.

Mention spéciale à Clément Goyette (Lunardo), Daniel Lachance (Maurizio et le Comte Riccardo), Martin Leduc (Simon), Denis Bonneau (Canciano) et Anne-Marie Guay (Marina) qui viennent donner de l’éclat à cette production.

La pièce est à l’affiche ce vendredi 8 décembre et samedi 9 décembre dès 20 h.

Infos:https://cafe-theatredechambly.weebly.com/productions-agrave-laffiche.html

 

 

 

Photographies : André Corbeij/Journal Le Montérégien  ©