Paul-Henri Hudon
HISTOIRE – Le nom évoque le bout du monde. Loin, très loin. Quelque part dans les grandes étendues de l’ouest amérindien. Pays étrange, mythique, mais invitant.
À 1 500 kilomètres de Montréal, atteignable après plus d’un mois de pagaie et 36 portages, Michilimackinac se découvre au carrefour des grandes voies terrestres et maritimes, à la rencontre des lacs Huron et Michigan, non loin de l’entrée du lac Supérieur. Donc au coeur de l’Amérique du Nord. Michilimackinac deviendra une des plaques tournantes du commerce des fourrures. Point d’arrivée des voyageurs et point de départ des chasseurs de fourrures vers les contrées indiennes. Un détroit qui marque une étape, une escale d’approvisionnement.
Quelques uns de nos ancêtres de Chambly y sont allés. Le réputé Étienne Provost (1785-1850), de Chambly, y serait passé en 1805. Provost avait signé un contrat où il “s’engageait en qualité de milieu et d’hyvernant pour faire le voyage, tant en montant à Michilimackinac, que pour hiverner dans les dépendances du sud, libre ou non de retourner à Montréal” (BAnQ, CN601 S185). Nous savons que Provost s’est rendu à Saint-Louis, sur le Missouri et a fondé la ville de Provo, dans l’Utah
Mais bien avant, d’autres audacieux voyageurs de Chambly s’y seraient rendus: Antoine Mesnard (1695-1764), Pierre Boisleau (1716-1783) et Antoine Rocbert dit Lafontaine (1716- ? ), tous de Chambly, auraient pu arrêter à Michilimackinac, comme première étape, suite à leur engagement le 23 mai 1738, dans trois canots de vingt-trois hommes, lors de l’expédition du sieur de Lavérendrye“. Ces défricheurs chamblyens érigèrent le fort La Reine, sur la rivière Assiniboine (aujourd’hui Portage La Prairie au Manitoba). Antoine Ménard, fils de Maurice et de Madeleine Couc, avait épousé Marie Huet à Boucherville, le 7 janvier 1723. La même année, on le dit “soldat à Michilimackinac“. (Gousse, p. 12). Il deviendra capitaine de milice à Chambly. Plus âgé et connaissant le pays, Ménard a initié son neveu, Pierre Boileau, 22 ans, et Antoine Robert, 22 ans. Pierre Boileau, fils de Pierre et de Marguerite Ménard, épousera Agathe Hus dit Millet, le 22 octobre 1749 à l’Ile Dupas. Antoine Robert épousera Charlotte Vigeant le 2 novembre 1740.
Encore le 13 juin 1743, s’engageaient pour Lavérendrye : Pierre Brouillet, François Malhiot, Jean-Baptiste Beauregard et Joseph Beauregard de Chambly, avec six canots et quarante-six hommes pour aller au poste de l’Ouest”. (RAPQ, 1922-23, page 205). Il est possible que ces voyageurs aient fait escale à Michilimackinac, avant de s’engager dans le détroit du Sault Sainte-Marie, porte d’entrée du lac Supérieur. François Malhiot (c1714-1794) épousera Véronique Viau (1723-1798) le 10 juin 1748. Joseph-Marie Mercier, fils de Suzanne Malhiot, soeur de François, “était établi depuis longtemps aux Illinois en 1745“. (Hodiesne, 18 mars 1745). Jean-Baptiste Davignon dit Beauregard, épousera Madeleine Massé à Chambly le 2 février 1750.
Entre le 3 juin et le 4 juillet 1751, les explorateurs suivants signaient un engagement… Jean-Baptiste Bazinet, pour aller aux Illinois, Jean-Baptiste Véronneau, Jean-Baptiste Beauregard, Charles Ménard, François Lafontaine et Jean-Baptiste (Robert dit) Lafontaine pour aller à Michilimackinac“. (RAPQ, 1922-23, p. 250). Ce sont des gens de St-Antoine, Beloeil. Saint-Marc. Il s’agit vraisemblablement de Jean-François Bazinet (1724-1791), qui épousera Anne-Thérèse Bricault en 1756. Jean-Baptiste Véronneau (1725-1798) épousera Charlotte Viau (1737-1810), le 30 avril 1753.
Références et illustrations: “Michilimackinac, a Handbook to the Site“, Armour et Widder, Mackinack State Historic Park, 1980, brochure de 48 pages. Archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly, doc P8.02. Les chemins vers Michilimackinac. L’entrepôt du Roi.
André Gousse, Raymond Ostiguy, Paul-Henri Hudon, Le temps des capitaines de milice, SHSC, septembre 2018, 102 pages. Gilles Havard, L’Amérique fantôme, Flammarion, 2019, Surtout les pages 401 à 473.