Paul-Henri Hudon
HISTOIRE – Les Rois de France disposaient du pouvoir divin de guérir les “écrouelles”… On disait “toucher les écrouelles”. Étonnante fonction, qui nous laisse sceptique en notre siècle très cartésien. Cette maladie, semble-t-il, consistait en toute forme d’inflammation à la gorge ou au cou, comme les oreillons, le goitre. Ce pouvoir des princes consolidait dans le peuple le droit sacré qui faisait du Roi l’élu… de Dieu !
“Clovis 1er, de la dynastie mérovingienne, avait été baptisé avec de l’huile sainte apportée miraculeusement par le Saint-Esprit à l’évêque saint Rémi. Par cette onction, qui se perpétuera dans la cathédrale de Reims, le prince était ainsi proclamé “Roi par la volonté de Dieu”. C’est dans cet épisode que les souverains de France (qui affichaient parmi leurs titres celui de « Roi très chrétien »), ainsi que le peuple, voyaient la source de leurs pouvoirs miraculeux.
Cette consécration s’inspirait de celle qui avait fait de David, roi de Juda, puis roi d’Israël, élevant le roi à la puissance de l”oint”, le Messie. Un surcroît de prestige.
C’est surtout lors des grandes fêtes religieuses, qui attiraient parfois jusqu’à deux mille malades, que le monarque touchait les écrouelles.
On venait même d’au-delà des frontières. Après avoir communié sous les deux espèces, le roi touchait chaque malade à l’endroit des plaies en traçant un signe de croix. Il prononçait la formule rituelle : « Le Roi te touche, Dieu te guérit », puis avait lieu une distribution d’aumônes.
On ne sait si le malade était davantage attiré par l’aumône que par la guérison. Mais le fait est. Aujourd’hui, aurait-il guéri les malades du coronavirus ?
Sources: Marc Bloch, Les Rois thaumaturges.
Illustration. Le roi Henri IV touchant les scrofuleux. Tirée de André du Laurens, De strumis earum causis et curæ, 1609.