Myriam Da Silva Rondeau…Parcours d’une combattante

« La chute n’est pas un échec. L’échec c’est de rester là où on est tombé. »

 – Socrate

CHAMBLY – La boxeuse olympique Myriam Da Silva Rondeau revient de loin…près de trois ans après notre dernière discussion avec la pugiliste, nous voulions prendre de ses nouvelles après avoir vu passer un post sur son Facebook où elle annonçait qu’elle rentrait d’un camp d’entraînement en d’Irlande. L’athlète de 33 ans qui enseigne en adaptation scolaire à Brossard a vécu des moments difficiles.

«Ça va mieux beaucoup mieux aujourd’hui. On peut dire que le processus de rédemption est enclenché. J’ai touché le fond du baril. Avec le recul, je m’aperçois que c’était involontaire. Avec ma tâche d’enseignante et ma carrière internationale en boxe, la fatigue s’est accumulée. À cela s’est ajouté plusieurs blessures, qui ont ralenti mes activités. J’ai frappé le mur», lance Myriam.

Descente aux enfers

Ses déboires ont commencé en 2014, avant de se présenter au Championnat du monde en Corée. Faisant fit d’une hernie au cou, elle montera quand même dans le ring. Les conséquences seront néfastes.

«Je n’avais pas pris le temps pour guérir mon hernie. Je me suis rendu jusqu’en huitième de finale au mondial en Corée. J’avais prise une mauvaise décision et j’en ai payé le prix», raconte Myriam, qui s’est retrouvée en arrêt de travail à son retour au pays.

«J’avais chopé un syndrome du tunnel carpien, qui s’est développé à une allure fulgurante. J’avais de la difficulté à dormir. La douleur était trop intense. Je ne pouvais plus bouger trois doigts. J’ai été opérée très rapidement. La convalescence à été longue», poursuit la Chamblyenne.

Elle prendra une année pour retrouver le chemin de la guérison. Elle fera quelques compétitions en 2015, en étant toujours en réadaptation de sa main droite.

En avril 2016, elle se présente au championnat canadien où elle se fracture le pouce de la main droite. Celle qui était en rééducation. Elle remportera quand même la médaille d’or par décision unanime (3-0), chez les 69 kilos.

«Au premier round, je me suis cassé le pouce. Je n’ai rien dit pour ne pas me faire disqualifier. J’ai continué à me battre, toujours en utilisant ma main droite. J’ai aggravé les dommages et j’ai été bonne pour une autre opération. Le pouce était vraiment amoché. Tout était déchiré», raconte Myriam.

Cette blessure l’aura privée d’une participation au championnat mondial au Kazakstan et lui fera perdre tous ses points au classement international. Sa blessure au pouce prendra dix semaines à guérir. Elle devra travailler d’arrache-pied pour retrouver sa motricité.

Myriam et la championne mondiale du Panama.

En novembre 2016, elle se rend aux îles Caïmans pour affronter la championne mondiale, une boxeuse panaméenne de 75 kilos, une catégorie de poids au-dessus de la sienne. Elle livrera une très bonne performance.

«Ce combat m’a redonné confiance. Mon pouce s’est bien comporté. Mais de ne plus avoir ma place au classement mondial, ça atteint mon moral», ajoute Myriam.

Elle travaillera fort pour participer à  d’autres compétitions, notamment en Bulgarie, pour démontrer qu’elle avait toujours sa place au niveau international. Puis en avril 2017, elle perdra son titre en finale au championnat canadien contre Marie-Jeanne Parent de Québec, à Québec… une boxeuse de calibre provinciale, sur une décision controversée.

«J’avais mis beaucoup d’effort en 2017 pour revenir au-devant de la scène. Les blessures répétitives et les périodes de réadaptation qui ont grugé mes énergies ont eu un effet sur mon moral. J’ai toujours été combattante avec de la hargne de vaincre. À Québec, contre Parent, je n’avais plus la rage de vaincre. Même si j’envoyais mon adversaire au tapis, je lui ai donné assez de  lousse pour qu’elle puisse revenir dans le match. C’est probablement ce qui a fait pencher les juges en sa faveur», explique Myriam.

Détrônée de son titre canadien, qu’elle détenait depuis six ans et de son classement mondial, Myriam vivra par la suite une période de dépression.

«Tous les athlètes passent par cette phase après une série de défaites. Moi j’étais bien entouré à l’école où j’enseigne. J’ai été capable de l’admettre et d’en chercher les raisons. J’ai décidé de prendre une pause pour ne faire que ce j’avais envie de faire: me consacrer à ma carrière d’enseignante et faire du sport avec les jeunes de mon école, pour leur montrer le bon exemple et leur démontrer que l’on peut se relever d’une défaite et surtout de ne jamais abandonner.»

Retour en piste

Étant bien reposée, Myriam a repris le collier de l’entraînement gym de Boxe Montréal à temps plein à la fin du mois de juin. Elle participait récemment à un camp de perfectionnement en Irlande qui lui a redonné la piqûre de la compétition.

«La boxe féminine en ce moment est précaire au niveau international, les filles de tous les pays ont décidé de se prendre en mains. Il y a un entraîneur en Irlande, qui organise depuis deux ans un camp privé pour filles. Nous étions 200 boxeuses à ce camp. Ce fut une expérience vraiment enrichissante», explique Myriam.

À l’entraînement en Irlande…

La boxeuse poursuivra sa route cet automne et à l’hiver sur le circuit compétitif québécois et canadien qui pourrait lui ouvrir un jour la porte des Olympiques.

«Le rêve de participer aux Jeux olympiques demeure. Les filles y ont maintenant accès et faire partie des pionnières serait un grand honneur. Mais il faut être réaliste. Si ma catégorie de poids est ajoutée au calendrier olympique, je vais tout faire pour m’y rendre. Je vais avoir 34 ans en 2018 et 36 ans en 2020. Les filles peuvent boxer jusqu’à 40 ans. Je n’ai pas vraiment de plan bien défini pour mon avenir en boxe. Je vais boxer tant que le cœur y sera», conclut Myriam.

Photographies: Gracieuseté