MARIEVILLE – Mine de rien et sans crier gare, Frank Grenon poursuit son petit bonhomme de chemin dans le merveilleux monde de la musique folk-trash-Québécoise. Près d’une décennie s’est écoulée entre la parution du premier opus, «Mon p’tit sapin vert», et «Mort-Riville», sa plus récente offrande accompagnée d’une pochette qui «fesse» dans le dash…où l’on aperçoit le barde immortalisé dans le plus simple appareil, dans un champ de la Petite Savane, à Richelieu.
L’émule de Plume Latraverse revient en force avec une production léchée et réalisée avec un budget avoisinant les 25000 $, qui sonne comme une tonne de briques et qui a rameuté une équipe de vieux-loups du métier: Gilles Brisebois, à la réalisation, qui a travaillé avec Jean-Leloup, Yves Desrosiers, Ange E. Cursio, (batteur de Corey Hart), Daniel Thouin, aux claviers, Claude Lamothe au violoncelle, Polo, des Frères à cheval, Snake, le chanteur de Voivod.
«Je me compte chanceux d’avoir pu jouer avec des musiciens de ce calibre. C’est grâce à Pierre Gendron si j’ai pu faire cet album. Mais l’industrie du disque physique en arrache aujourd’hui. Il faut tout faire, même la distribution. J’ai dû me mettre à jour pour pouvoir diffuser ma musique sur les plates-formes numériques», raconte Frank.
Disque 100 % auto produit, la musique de Frank Grenon poursuit la démarche entreprise sur le premier disque. Grenon fait dans la critique sociale caustique.
«Mon p’tit sapin vert» était un album plus «dark». Il présentait un pot-pourri de mes années d’adolescence, passées dans les bars avec les questionnements du moment où l’avenir était fermé, sans espoir. Aujourd’hui c’est différent. Je viens d’avoir 41 ans et j’ai des enfants. On s’assagit. Mais le punk qui sommeille en moi est toujours-là. Je demeure gosseux dans mes chansons. Je dénonce ce qui m’agace sur un ton sarcastique et humoristique, la guerre, la politique, la violence faite aux femmes et aux enfants. J’aime faire rire les gens, et aussi rire de moi-même », lance Grenon sourire en coin.
L’album Mort-Riville commence à faire sa marque dans les radios en région, notamment à Québec et à Ottawa. Vingt-huit stations font tourner le premier extrait «Dans mon Dodge Ram», qui annonce la couleur de l’album en racontant l’histoire de scandales, d’enveloppes brunes, de gars de la construction qui roulent de pick-up et qui poussent les autres voitures dans l’cul sur l’autoroute.
«Même si le ton est caustique, je demeure moins agressif sur cet album. Les textes me sont venus assez rapidement. J’ai écrit l’album en trois semaines sur le même coin de table où Jean Leloup a composé La sale affaire. Quand j’ai un flash, le texte déboule assez vite. J’ai ri comme un malade en écrivant les tounes», raconte Grenon.
Frank Grenon a appris son métier à l’école de la vie. Il a décroché de l’école quand ils ont coupé les cours de musique.
«J’étais pourri en mathématique. Comme j’ai toujours voulu être musicien, je leur ai dit Bye, Bye ! J’ai sacré mon camp de l’école à 15 ans. Ça n’a pas été facile. Aujourd’hui, je réalise que l’école c’est important. On entend parler des commissions scolaires qui veulent faire disparaître les cours de musique d’arts plastiques et d’éducation physique. C’est dramatique parce que ça brise des rêves. Je dis à mes enfants que même si c’est parfois dur, ne lâchez-pas l’école», poursuit Grenon.
Pour l’heure, l’auteur, compositeur et interprète originaire de Richelieu, concentre ses énergies à faire diffuser sa musique sur le web. Les spectacles sur scène pour faire connaître ses compositions sont dans sa mire. Il maintient la forme en reprenant des interprétations avec des copains lors d’événements corporatifs, avec l’espoir de produire un spectacle avec son propre matériel. On vous tiendra au courant des développements.
Photo: André Corbeij