Mineral Springs. 1870. Prendre les eaux autrefois, à Varennes

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Nous savons qu’à Saratoga, dans l’État de New York,  se trouvait une place d’eau où des gens de Chambly allaient soigner quelques maux arthritiques. Ainsi “le 16 août 1808, le major Joseph-Charles Drolet de Saint-Marc et M. le docteur Mount de Saint-Denis sont arrêtés ici (à Chambly, chez M. Boileau) aujourd’hui, allant aux eaux minérales de Saratoga. Ils sont revenus le 12 septembre.” Un mois de thérapie. (Zouaviana, notes de René Boileau).

Le village de Varennes allait aussi connaître ses eaux curatives. Les sources d’eau salines de l’endroit ont reçu les rhumatisants, les baigneurs et même les touristes montréalais. En 1859, Antoine Brodeur y installait un hôtel connu sous le nom d’Hôtel des Sources, à “28 arpents de l’église paroissiale, le long de la route principale.” L’édifice imposant à quatre étages, agrémenté de galeries et d’une tour carrée de six étages, recevait les visiteurs pour des cures (cutanées entre autres) plus ou moins prolongées.

Le parterre était pourvu d’une fontaine formant un jet d’eau. De chaque côté deux piscines, l’une à ciel ouvert, l’autre couverte permettait sans doute de protéger la pudeur des femmes au regard des hommes. On y voit des écuries et des bâtiments pour le personnel de service. L’ensemble était ceinturé d’une clôture et d’un portique d’accès. Des allées permettaient aux perclus des promenades entre les terrains gazonnés.

Le curé de l’endroit entreprit de faire de cette maison des bains un établissement moins commercial (lire vulgaire), mais plutôt para-médical en y installant les Soeurs Grises. Elle devint un hospice pour orphelins.  Cet hôtel devait disparaître dans un incendie en 1879 (Doris Horman, p. 310).

Le journal Canadian Illustrated News écrivait en 1870: “Cette source saline dont les médecins les plus distingués font si hautement l’éloge et dont le docteur T. Sterry Hunt, chimiste du Service Géologique du Canada, déclare qu’elle est de même nature que les eaux célèbres de Saratoga… Nous ne connaissons aucune station estivale (sic) plus salubre et mieux située. La source émet du gaz d’hydrogène carburé en quantité suffisante pour éclairer toute la localité. Elle a un débit suffisant pour remplir une piscine. Ce qui donne aux estivants le plaisir des bains de mer, sans les difficultés et dangers  des bains sur les plages de la mer. Les touristes apprendront avec plaisir que cette propriété qui avait été durant plusieurs années entre les mains des Soeurs Grises pour y maintenir un orphelinat sera bientôt vacante afin de faire place à ceux qui recherchent la santé et le plaisir.” (Doris Horman, p. 307. Canadian Illustrated News).

Références: Doris Horman, Varennes 1672-1972. Comité du tricentenaire de Varennes, 1972, pages 304 à 310. Paul-Henri Hudon, Les Boileau, une dynastie de village, Cahiers de la seigneurie de Chambly, avril 2002, no 25, page 25

Illustration: Canadian Illustrated News, 9 avril 1870. L‘Opinion Publique, 16 avril 1870, page 5. Archives de la SHSC, Zouaviana.