Médecin et patriote, Timothée Kimber. Personnage déçu, désenchanté, mais fidèle à ses principes

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Timothée Kimber (1797-1852), médecin, chirurgien et patriote actif, avait épousé Émmélie Boileau (1784-1841) le 12 novembre 1822 à Chambly. Il étudiait la médecine en France en 1819, lorsque Mgr Lartigue le rencontre à Paris. On le retrouve à Chambly à l’automne 1820.

Il a ensuite acheté de Joseph-Alexandre Talham, par Joseph Lareau, “tuteur aux enfants mineurs de docteur Talham, un emplacement de 4 arpents et demi de front, par la profondeur, allant du bassin à la petite rivière de Montréal, soit environ 22 arpents en superficie, borné d’un côté à Jacob Glen, d’autre côté à Basile Mignault et en partie à John Lynch, avec une maison, une grange, une étable, une écurie, un hangar, une remise.., pour la somme de 12 090 livres, par adjudication” (Joseph Demers, 7 juin 1826). Cet établissement se trouve actuellement sur la rue Martel, autour des adresses numéro 500.

Timothée Kimber pansait les blessés à Saint-Denis lors de la célèbre bataille. Il sera emprisonné le 12 décembre 1837 et ne sera libéré que le 11 juillet 1838, après 210 jours d’internement, moyennant le dépôt d’une énorme caution de 50 000 livres (20 000$). Il devait être exilé aux Bermudes, mais fut gracié la veille de son départ.

En 1841, le Conseil Spécial dirigé par Colborne, décrète que sera construite à Chambly “une voie diagonale”, allant du “pont sur la Petite rivière de Montréal” (rivière L’Acadie) à l’actuel rond point au carrefour Martel, De Salaberry. Ce chemin, actuelle rue Bourgogne, séparait en deux parties la terre du docteur Kimber et des autres patriotes du secteur.  Ce fait, perçu comme une vengeance et un affront, plus la mort de son épouse le poussent à vendre sa propriété: «À vendre. Une terre de Timothée Kimber, au bassin de Chambly, de grande étendue et toute bâtie. 26 mai 1841 » (L’Aurore des Canadas, 7 janvier 1842). « Seront vendues sans réserve à la demeure de Timothée Kimber, lundi 28 février prochain (1842), tous les objets mobiliers qui ont composé la communauté des biens qui a existé entre lui et feue dame Emmélie Boileau, son épouse, consistant en une grande quantité de meubles de ménage, en instruments d’agriculture, bestiaux et chevaux qui garnissent trois fermes au dit Chambly, lesquelles fermes sont aussi en vente à des prix avantageux. S’adresser à Timothée Kimber. (L’Aurore des Canadas, 25 février 1842).

Désirant qu’il n’y ait pas de confusion et voulant se démarquer de son cousin, le patriote Timothé Kimber écrit au journal L’Aurore des Canadas: Il y a deux docteurs Kimber au Canada. Quoique peu important dans le public, je tiens quand même à mes principes. Or, les deux docteurs Kimber sont des hommes d’opinion bien différentes. Je prierais donc l’auteur de la communication, s’il revient à la charge, d’ajouter au nom de famille les initiales des noms de baptême. Cela pourrait empêcher de confondre les deux individus. Le Dr Kimber, établi à Trois-Rivières, a pour prénom René-Joseph. (L’Aurore des Canadas, 28 juillet 1840).

Le docteur Kimber dictera son testament chez le notaire patriote Charles-Gédéon Scheffer le 2 février 1852. Il demande simplement que “ses dettes soient payées et ses torts réparés, puis d’être enterré dans le petit cimetière qui est sur la propriété du sieur Moses Bunker…” Ce modeste cimetière familial se trouve en 2021 sur le chemin de Sainte-Thérèse, sur une butte surplombant le canal de Chambly. Ainsi, malgré que son épouse ait reçu une sépulture catholique (1841), que sa fille Émilie Kimber, en 1826, et Hector Kimber, son fils, en 1844, aient aussi bénéficié d’une inhumation chrétienne, Timothée Kimber n’a pas d’inscription aux registres de la paroisse de Chambly. Athée ou agnostique ? Incroyant ou rebelle ? On ne sait, mais “fidèle à ses principes“, il n’a pas laissé de monument funéraire

 

Illustration: Dessin du docteur Timothée Kimber, esquissé par le notaire Girouard en 1837.

 

L’acte de mariage de Timothée Kimber et d’Emmélie Boileau à St-Joseph de Chambly, le 12 novembre 1822. Où l’on voit présents l’ensemble de la réputée famille Boileau et le lieutenant colonel Charles-Michel de Salaberry