Paul-Henri Hudon
HISTOIRE – Maurice Galbraith Cullen (1866-1934), natif de Saint-Jean (Terre-Neuve), arrive à Montréal en 1869 avec ses parents. On le trouve bientôt au Monument National aux cours du Conseil des Arts. Là, il s’initie à la sculpture avec Philippe Hébert.
De 1888 à 1896, il étudie à Paris. De retour au pays, il devint membre de l’Académie Royale du Canada et de L’Arts Club, où se côtoient les Pilot, Brymner, Franchère, Barnes, Robinson et autres coloristes en devenir.
M. Cullen fut envoyé en Europe par les armées canadiennes lors de Première Guerre mondiale. Pendant six mois il devait “illustrer des récits que l’on ferait de l’avancée des troupes… tirant des croquis et des pochades des champs de bataille, des campagnes dévastées, des églises ruinées et des tranchées au clair de lune…” L’abbé Maurault le voit petit de taille“doux et apparemment timide”…” Autant que l’oeuvre, l’homme chez cet artiste est aimable et bienveillant” (p. 16).
Par ailleurs,“notre peintre avait trouvé dans la nature canadienne tout ce qu’il lui fallait… Bientôt il eut la réputation d’être notre meilleur peintre de la neige. Le moindre ruisseau glacé, peint par Maurice Cullen, devient un tableau dont une collection d’oeuvres canadiennes ne saurait se passer. Un courant limpide aux reflets noirs et jaunes entre deux rives enneigées, des arbres couverts de givre, un morceau de ciel pâle… cette atmosphère spéciale du peintre est vraiment inimitable“. (Maurault, p. 16)
On attribue au paysagiste Cullen cette sentence délicieuse: À une certaine heure du jour, même le sujet le plus ordinaire est magnifique. Parmi les nombreuses oeuvres de notre impressionniste, nous soulignons le tableau “Dam at Chambly” et “Coupeurs de glaces” (Longueuil, 1923).
Henri Girard écrivait: “Les tableaux de Cullen captent les nuances du soleil, lumière de premier crépuscule, lumière d’automne et de fin d’hiver. L’opposition de tons crée les plus beaux effets, le blanc d’un nuage sur le violet sombre des montagnes, la rivière bleu-encre, entre le blanc et le mauve des rives enneigées. Qui a vu les tableaux de Maurice Cullen ne peut les évoquer sans les sentir vibrer en lui. La couleur est « l’émotion du peintre » (Girard, p. 30).
En avril 1926, Maurice Cullen acquiert une propriété à Chambly. Il avait choisi sa demeure dans un site des plus pittoresques de Chambly, au 28, rue De Richelieu. Une large et haute baie vitrée inondait de soleil tout le studio.
Cette rivière, ses îles et ses rapides avaient de quoi inspirer même l’artiste le plus médiocre. Son beau-fils, Robert Wakeham Pilot (1898-1967), né du premier mariage de Barbara Merchant, nous a laissé en héritage un tableau, “La Maison Bleue”, qui demeure une icône locale.
Références: La Revue Moderne, Texte de l’abbé Olivier Maurault, 15 janvier 1920, pages 14 à 16. Texte de Henri Girard, 15 avril 1929, pages 11 et 30. Cullen à l’oeuvre, page 14.
Notaire John Fair, 6 avril 1926, achat par Cullen de sa propriété de Chambly. Maurice Cullen décède le 28 mars 1934. Sa veuve, Barbara Merchant, qui résidait au 2177, Lincoln Avenue à Montréal, vendra cet emplacement à Mme Starke, le 28 juin 1937, devant le notaire Ranzo Heathrate.