Paul-Henri Hudon
HISTOIRE – Cette chansonnette oubliée, cet air d’un autre temps, rappelle que le mariage d’autrefois était une affaire bien ficelée. On ne s’épouse pas hors des normes sociales de l’époque.
La famille élargie, la paroisse, l’âge, le statut social participent tous à un mariage valide et qualifié. Surtout quand il s’agit d’une fille à marier. Chez nos anciens, les unions étaient surveillées, pesées et mesurées. En cette saison des mariages, voyons des situations, qui aujourd’hui nous font rire.
“Un couple s’est marié à Saint-Antoine, plutôt qu’à Saint-Denis, vu l’absence du prêtre. Est-ce que le mariage est nul ? Joseph Garault et Angélique Choquet, sont revenus dans ma paroisse, Saint-Joseph.” Quelle est la validité de ces noces ? Ouf ! (Lettre du curé Bédard à son évêque, 27 août 1814 (Archives de la SHSC ADSJ, 1-A-35).
“J’ai marié un mineur, sans père, ni mère, et sans tuteur, sur la permission du grand-vicaire. Je sais que le mariage est nul. Ici, les gens de loi et les Messieurs du séminaire disent que ces mariages sont nuls.” Nul ou pas nul ? (Lettre du curé Bédard, 24 septembre 1816 à son évêque, Archives de la SHSC).
“Marier une fille représentait pour les parents une certaine façon de démontrer sa réussite dans la vie sociale… Quand le prétendant venait d’une famille à l’aise, le statut social remontait d’un ou plusieurs crans”. Marier des fortunes. Soit, mais au détriment de qui ? (Cécile Élie-Lefebvre: Écoute que je te raconte… Contes et Nouvelles, 1997, p. 131).
Le curé de Saint-Joseph réhabilite Lapuce avec Larose, après un “prétendu” mariage: “Après les formalités légales et la dispense de tous bans de mariage, Jacques-Joseph Lapuce et Josette Larose, unis depuis trois ans par un prétendu mariage contracté dans la Nouvelle-Angleterre, en présence de témoins seulement; nous avons reçu leur mutuel consentement et avons réhabilité le prétendu mariage…” (Registre de Saint-Joseph: 1 septembre 1787).
Illustration. Edmond-Joseph Massicotte, Noces d’autrefois, 1922