CHAMBLY – C’est sur les cendres à peine refroidies de la maison du patriote René-Boileau, que des dizaines de personnes se sont rassemblées hier soir sur le coup de 18 h pour se recueillir et échanger autour de la décision de la direction générale de la Ville de Chambly de donner le feu vert à sa destruction jeudi dernier.
Rappelons que la Ville de Chambly avait acheté ce bâtiment en 2016 et s’était engagée à le rénover pour lui donner la vocation de bureau d’information touristique. Des horodateurs avaient été installés à cet effet pour amasser de l’argent pour créer un fonds spécial. Le jeudi 22 novembre, la Ville a fait savoir aux médias par voie de communiqué que c’était pour des raisons de vétusté et de sécurité publique que la maison Boileau devait être détruite.
Un citoyen arrêté
Rappelons que tôt le matin du 22 novembre, alerté par une citoyenne témoin des premiers coups de pelles mécaniques, M. Christian Picard, ex-candidat péquiste dans Chambly aux dernières élections provinciales, s’était précipité sur les lieux pour faire blocus afin d’empêcher la destruction de la maison. Ce dernier fut arrêté par les forces de l’ordre pour méfait, pour être relaxé plus tard sur la promesse de comparaître ultérieurement.
M.Picard était présent hier soir à la veillée funèbre, mais il ne devait pas s’approcher du site de démolition. C’est plutôt sur le parvis de l’hôtel de ville qu’il s’est adressé au public.
Très ému, il partagé sa déception, dénoncé la décision de la direction générale de Ville, et a enjoint les autorités de mettre en place des mécanismes pour assurer la protection du patrimoine bâti. Il a également fait part de son projet de faire effectuer des fouilles archéologiques sur le site de la maison Boileau et d’en faire bénéficier les élèves des écoles primaires de Chambly avec leur participation.
Madame Louise Chevrier, auteure, historienne et militante pour la sauvegarde de la maison Boileau a pour sa part lancé l’idée de créer au Québec un ministère du Patrimoine, afin que «la disparition de la maison Boileau serve à quelque chose.»
En plat principal, l’animateur Ricardo Larrivée, qui a habité dans la maison Boileau, où il a concocté sa première recette, cultivé son premier potager et demandé en mariage «sa Brigitte», a livré un témoignage percutant.
«On s’est fait fourrer avec les parcomètres ! Ça devait servir à amasser de l’argent pour le patrimoine bâti et vert. Nous ne sommes pas en Europe ici. Des bâtiments chargés de cette valeur-là, nous n’en avons pas des millions. Il faut que le 22 novembre soit une date à retenir. Il faut que cette horreur-là, ce haut-le-cœur, serve à protéger les autres municipalités et s’assurer que les gens qui gardent la mémoire vivante ne soient pas bafoués, rabaissés et jugés, parce que leur idée n’est pas la même que celle du voisin. Je dis longue vie à nous et à notre terre. Ceux qu’ils ne veulent pas la protéger doivent céder leur place», a lancé le populaire chef cuisinier.
Ce dernier s’est également exprimé sur le reportage de l’émission Enquête, mis en ondes le même jour que la destruction de la maison Boileau et où le maire de Chambly a été la cible de plusieurs allégations.
«Après avoir écouté ce reportage qui m’a horrifié, je pense sincèrement qu’il faut protéger les gens qui travaillent pour notre ville. Il faut faire en sorte que le gouvernement mette en place une façon qui les sécurise et qui les incite à se lever et à raconter leur histoire sans crainte de représailles. Une ville ce n’est pas une bureaucratie. Ce sont des citoyens et des employé(e)s qui sont permanents qui se donnent à tous les jours pour assurer la continuité dans la communauté. Il faut que le gouvernement agisse bien pour que cela ne se reproduise plus jamais et qu’on puisse travailler dans un climat sain, de respect et de dépassement», a conclu M. Larrivée.
Photographies : André Corbeij © / Journal le Montérégien