Louis-Joseph-Napoléon Blanchet, conservateur du fort de Chambly de 1916 à 1927

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Louis-Joseph-Napoléon Blanchet (1885-1954) a succédé à Joseph-Octave Dion comme gardien du fort de Chambly en mars 1916. “Caretaker“, écrit-on. Il est demeuré à ce poste jusqu’au 31 août 1927. Il avait été recommandé à cette fonction par l’Association des citoyens de Chambly,  appuyé par le maire conservateur, Guillaume-Narcisse Ducharme et par le député fédéral, Joseph Rainville. Son mandat est “d’agir comme curateur du fort, de rapporter les réparations nécessaires, de les surveiller et de rapporter toutes irrégularités qui peuvent se présenter concernant le fort“.

Peintre de formation, il avait quitté l’académie St-Joseph en 1900 pour suivre des cours de dessin et de peinture. Vers 1906, il part pour la France où il oeuvre dans le milieu du théâtre. À Montréal, il est scénographe au Théâtre Français, puis au Théâtre National. Il crée des décors, dont un rideau de scène à l’hôtel de ville de Chambly-Canton (disparu dans un incendie en 1930).  Il peint, il écrit, il collectionne des oeuvres et des antiquités, il donne des conférences: “Un cours pratique d’histoire locale afin de préparer quelques guides pour le service des visiteurs de Chambly sera incessamment inauguré par le Comité d’esprit civique de Chambly, que M. Blanchet a créé en 1924(Le Canada-Français, 21 mai 1925).

En 1927, il fonde un journal à Chambly: “L’Écho de la Rive-Sud, franc et sans dol“, qui ne paraîtra qu’une seule fois. Il était membre de la Société  Historique de Montréal et vice-président de la section centrale de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, (selon M. Louis Blanchette). Louis-Joseph-Napoléon Blanchet signe en 1937 deux articles dans une feuille politique appelée “La Province“, journal dirigé par Paul Gouin et imprimé par “La Revue Moderne“.

Personnage très actif dans le milieu de Chambly, il multiplie les initiatives: Blanchet collabore sous le pseudonyme de Jean Dhur au journal L’Écho de Chambly en 1926.  Il fonde avec d’autres le Comité des citoyens de Chambly-Bassin en 1915, la Société d’Horticulture du Bassin de Chambly en 1917, le Comité d’esprit civique en 1924. Il relance la Société Saint-Jean-Baptiste de Chambly en 1922, sous le nom de “Section Émile-Miller“.  M. Blanchet présidait le “Cercle social J. O. Dion, au bénéfice des oeuvres paroissiales“.  Il supervise la “Garde Carignan-Salières“. Les “gardes” sont des regroupement de jeunes, très populaires à l’époque dans toutes les paroisses.  (Mgr John Forbes, vicaire apostolique de l’Ouganda, visite le fort. Il est reçu par L. J. N. Blanchet et par la Garde Carignan-Salières de Chambly-Canton. (Le Canada-Français, 1er juin 1922).  En 1916, il avait monté au fort une exposition de toiles de divers artistes montréalais. Il met sur pied une bibliothèque contenant environ 1 000 livres. Le Canada-Français écrit, le 31 juillet 1919: Le vieux fort de Chambly sera bientôt doté d’un musée et d’un sanctuaire de l’Art.

Louis-Joseph-Napoléon Blanchet est né le 14 juillet 1885 à Montréal. “Peintre, habitant la paroisse Sacré-Coeur de Montréal“, il épousera Philomène (Marie) Labrecque, auteure (Marie Helbé, selon son nom de plume), à Chambly le 18 novembre 1913. Il est le fils majeur de feu Clovis Blanchet de la paroisse Saint-Eusèbe de Montréal, et de Marie-Louise Lédia Labrecque. (Cette dernière sera inhumée à Chambly le 18 mars 1926). Quant à Philomène, elle est la veuve majeure de feu Rémi-Joseph Chagnon, fille de Damien Labrecque. Albéric Lapierre, son beau-frère, sert de témoin pour la mariée. Le conservateur Blanchet sera inhumé à Chambly au cimetière de la paroisse Très-Saint-Coeur-de-Marie en 1954, sous la stèle de la famille Lapierre. On ne lui connait pas de descendants.

On doit à Marie Helbé, épouse de M. Blanchet, un opuscule intitulé: Dans l’intimité des vieux murs historiques du fort Chambly, Éditions Édouard Garand, 1926, 55 pages. “Mme Blanchet, auteure de “L’erreur radiée”, dont nous espérons avoir la primeur, écrit l’éditeur Garand, n’est pas à  son début dans la littérature. Mme Blanchet est bien connue comme collaboratrice de “La Revue Nationale”, organe de la Société Saint-Jean-Baptiste”. (Dans Jean Féron, Fierté de race, roman, page 64).

Il existe aux Archives de musique à la Bibliothèque Nationale du Canada un fonds Louis-J.-N. Blanchet. 1928-1956, contenant 40 cm de documents textuels et 54 photographies.
M. Blanchet multiplie les chroniques dans le journal Le Courrier de Saint-Hyacinthe. Nous pensons retrouver sa plume, vu la fine connaissance de ce qui se passe au fort de Chambly, dans des rubriques au titre de Chambly-Canton, des articles sous les pseudonymes suivants: Jean Fourche (Courrier de Saint-Hyacinthe, 10 février 1923), O Credo (Courrier de Saint-Hyacinthe, 20, 27 janvier 1923, 3, 17, 24 février 1923, 3, 17 mars, 1923, 28 avril 1923, Robby Taillon, Courrier de St-Hyacinthe, 7 avril 1923. Sitio Debiens (Courrier de Saint-Hyacinthe, 19 mai 1923, 1er juin, 8 juin, 22 juin, 1923,  13, 27 juillet 1923, 24 août 1923, 14 septembre 1923, 24 octobre 1923).

Ce personnage prolifique, aux multiples talents, nationaliste et propagandiste chevronné, ne cesse de nous étonner, au fur et à mesure de nos recherches. Nous espérons découvrir d’autres faits de sa carrière, ceux qui suivent son départ du fort de Chambly.

Illustrations: Photographie de M. Blanchet, 1934. Source BAnQ numérique. Stèle funéraire de M. Blanchet, 2019, collection privée de Paul-Henri Hudon.

Sources: Louis Blanchette, historien, dans “Le Tissu Blanchet“,  vol 15, no 3, septembre 2010, par l’Association des familles Blanchet, Blanchette. Paul-Henri Hudon dans “Joseph-Octave Dion, un marginal dans le siècle”. Étude inédite de 153 pages primée par la Fondation Percy-W. Foy en 2015, Voir les pages 53 à 55. La Province, 16 octobre 1937. Le Courrier de St-Hyacinthe, 27 mars 1925, 7 janvier 1927, 27 mai 1927, 29 juillet 1927.