Les premiers immigrés anglophones à Chambly à partir de 1765

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Ils viennent se joindre aux défricheurs du pays. Venus des iles britanniques quelques temps après la Conquête, ils découvrent un pays encore neuf, tout offert à l’exploitation. Ils apporteront leur expertise d’artisans.

Nous les croyons originaires d’Irlande ou d’Écosse. Les familles de James BellJames HamiltonJames WaitSimon Fraser se lient par mariage devant l’Église catholique ou à la Christ Church. Quelques uns demeurent à la périphérie de la paroisse Saint-Joseph-de-Chambly, dans ce qui est aujourd’hui la paroisse de Saint-Luc, comme Benjamin Holmes. Nous n’avons pas d’indices attestant de leur itinérance. Ont-ils transité par la Nouvelle-Angleterre ? Sont-ils venus d’Europe via Québec ? Sont-ils des soldats démobilisés ?

James Bell (c1739-1814) avait épousé Marguerite Christie, fille de William, à Stirling en Écosse. Il est le neveu du seigneur Gabriel Christie. Il se serait installé le long de la Petite rivière de Montréal vers 1765-1772. (D.B.C. Vol 5, p. 70-71 et B.R.H, vol 7 (1901),  page 248), avant de demeurer à Chambly-Canton. Il est qualifié de “maître-entrepreneur, de négociant, de charpentier et de constructeur de moulins”.

  James Bell a appuyé, dans un premier temps, les rebelles américains en 1775. Mais la guerre terminée, il s’engagera résolument pour le Roi britannique. Il dirigera les travaux de réparation du fort, il bâtira une caserne et deux blockhaus à l’embouchure du Richelieu; il fournira des bateaux et des tombereaux. James Bell aurait subi des pertes financières de la part des Américains. Ce qui peut expliquer son changement de camp. Son commerce bat de l’aile après le départ des rebelles. Il a laissé une descendance de langue française à Chambly.

James Hamilton (c1728-1778) dit Jémie, tisserand et cantinier (Antoine Grisé, 8 novembre et 9 décembre 1777), a acheté en 1768 de Jean-Baptiste Lefort “un emplacement au nord-est de la rivière de Montréal (la terre où réside le vendeur) pour 50 livres” (Antoine Grisé, 28 avril 1768; 8 novembre 1771). Catholique de religion, domicilié en cette paroisse, il épouse la fille du notaire Hodiesne, Catherine Hodiesne, vers 1777. James Hamilton est décédé hier, 25 mai 1778, âgé de 50 ans (Registre de Saint-Joseph, 26 mai 1778). Le couple aurait fait baptiser sept (7) enfants: Joseph Hamilton (1768), Marguerite (1769-1799), Henry (1771), Madeleine (1772), Jacques (1774-1783), Jean-Baptiste (1775) et Charles Hamilton (1777).

James (William) Wait (Watt, White) (c1750-1814), d’origine étrangère, épousera Catherine Hodiesne (1747-1810), veuve de James Hamilton, à l’église Christ Church de Montréal le 1er novembre 1778. Le marié est maître forgeron et il demeure à Chambly. La veuve est la fille de l’ancien notaire de Chambly Gervais Hodiesne et de Marguerite Lareau. À son second mariage, Catherine Hodiesne donnera naissance à sept (9) autres enfants: Jean-Baptiste Wait (1779), Catherine (1781), Jeanne (1783-1784), Marguerite (1785), Élisabeth-Apolline (1786-1787), Jacques (1788) qui épousera Marie Robert, Lucille (1789-1790), Eulalie (c1806-1832), Samuel-David. (Bulletin des Recherches historiques, Vol XLII, no 5, 1936). Cependant le testament de James Wait, forgeron, époux de Catherine Hodiesne, nous apprend qu’il a trois enfants: Catherine, Marguerite et James (François Leguay, 16 décembre 1801). James Wait opérera sa boutique de forge sur l’actuelle rue Martel, non loin de l’église Saint-Joseph. Catherine Hodiesne-Wait sera inhumée à Saint-Luc le 27 septembre 1810, âgée de 63 ans. James Wait sera inhumé à Saint-Joseph, âgé de 64 ans, le 14 juin 1814.

Simon Frasermaître forgeron, fils d’Alexander Fraser et de feue Christye Toosler (?), épousera Marie-Catherine Larocque (c1763-1833), fille de Michel et de feue Catherine Poitevin, le 26 juin 1786 à Saint-Joseph (Jean-Baptiste Grisé, 26 juin 1786). Sont présents au mariage Jacques Wait, Catherine Hodiesne, Antoine Hamilton. Simon Fraser avait été engagé par James Wait comme apprenti forgeron en 1779. Le couple Fraser resta sans enfants. Mais il a adopté une fille née hors mariage du nom de Jeanne (Fanny) Bonberry, fille naturelle du colonel Bonberry (François-Médard Pétrimoulx, 3 décembre 1809).

Références: Paul-Henri Hudon, La présence anglophone à Chambly, Étude inédite de 289 pages, parue en 2008, primée au concours de la Fondation Percy-W. Foy.

Illustrations: Dessins d’Ancêtres. Le forgeron et le tisserand.