Les meuniers du Chambly d’antan ne tiennent pas en place. Pourquoi ?

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Jean-Baptiste Ménard, baptisé en 1699, avait épousé Françoise Lebeau à Boucherville, le 3 février 1722. Le farinier Ménard est présent à Chambly entre 1725 et 1733.

Pierre Mercereau est le fils de Pierre et de Louise Guilmot (Guillemeau), baptisé le 14 juillet 1718. Le père, Pierre Mercereau, était maître-meunier au moulin du baron de Longueuil à l’île Sainte-Hélène en 1738. Il avait aussi tenté de faire le commerce de grains à Montréal. (François Lepailleur, 20 septembre 1738. Mémoires, vol 61, no 265, automne 2010, pages 233 à 238).

Ménard et Mercereau abandonneront leur charge à Chambly. Les seigneurs de Niverville et de Beaulac bailleront ensuite pour trois ans, à moitié profit, à Louis Marin (Morin) dit Poitevin, le moulin à eau de la seigneurie de Chambly, le long des rapides au-dessus du fort; le dit Marin y étant actuellement maître-farinier. (François Simonnet, 9 octobre 1738).

Endetté, Louis Marin déguerpira aussi sans laisser de traces. On devra, un an plus tard, embaucher un autre meunier. Entre temps, la femme du meunier fugitif, Ursule Pin, devra faire cession et abandon de ses affaires aux créanciers, en l’absence de son mari qu’on dit être aux îles de l’Amérique et duquel elle espère le retour sitôt…. (Gervais Hodiesne, 14 novembre 1740).

Les sieurs de Niverville, Beaulac, Hertel et Pierre Martel, économe des Frères hospitaliers, bailleront ensuite le moulin à farine pour moitié profit, pour trois ans, à Julien Lemasson, farinier, demeurant à la maison du moulin. (François Simonnet, 11 novembre 1739).

Puis c’est au tour de Nicolas Tessier dit Lavigne, farinier, ex-meunier à Lachine, demeurant actuellement en la maison du moulin à l’eau de Chambly. Celui-ci n’aura pas la moitié des profits, mais recueillera toutes les recettes, moins quarante minots à remettre au seigneur. (Gervais Hodiesne, 20 juin 1741). Une telle rétribution est avantageuse si la récolte est bonne, mais désastreuse si elle est médiocre.

Six mois plus tard, le bail du moulin à eau à farine sera transmis à André Régnault (Renaud), maître farinier, bail renouvelé le 7 octobre 1744, pour trois ans. (Gervais Hodiesne, 7 décembre 1741).

29 juin 1754, le seigneur de Niverville baillera le moulin à farine de Chambly à moitié profit, à commencer le 7 juin prochain et pour trois ans, à Charles Bréa (Bréard, Breillard) dit Laroche, farinier, demeurant actuellement dans la maison du moulin à eau de Chambly, acceptant le moulin à eau faisant farine… (suit une liste d’outils…) ce moulin est situé sur le bord du rapide au-dessus du fort. (Joseph Lalanne, 29 juin 1754; Mémoires, vol 61, no 265, automne 2010, pages 233 à 238; Joseph-Charles Breya dit Laroche était meunier à Beloeil en 1770).

Roland Chateauneuf, était farinier à Chambly en 1759. Après la conquête, il réclamera 6 377 livres en ordonnances pour lui être remboursées par le roi de France. (RAPQ, 1924-25, pages 229 à 356. Mémoires, vol 61, no 265, automne 2010, pages 233 à 238).

Au cours d’une période de vingt ans, on a pu dénombrer au moins huit meuniers. La précarité de ces emplois est un problème permanent à Chambly, à Longueuil et à Boucherville. La plupart des meuniers ne terminent pas leur mandat, même s’ils bénéficient d’un logement dans le moulin. Ils signent pour des courtes durées allant d’un à trois ans. Souvent, ils quittent avant terme. Ils vont ailleurs. (Suzanne Coté, Lustucru, no 2, automne 1975, page 190).

Pourquoi ?

Ou bien le métier ne paie pas. Ou bien le seigneur les congédie à court terme.

Par méfiance ?

Par calcul ? “La mauvaise réputation des meuniers venait du fait qu’ils ne recevaient pas de salaire, mais prélevaient une part du grain qui leur était confié. En Béarn, on disait ” le meunier vit de la poignée “. Trichaient-ils sur les mesures ?

Illustrations Archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly. La résidence des meuniers Demers.

Le moulin à vent à Sainte-Famille en 1666. Une meule dormante d’un moulin. Internet