Paul-Henri Hudon
HISTOIRE – Ils ont été nombreux autrefois les fabricants de voitures. Nous citerons aujourd’hui la famille Lemonde de St-Mathias-Richelieu. Nous distinguerons le voiturier d’avec le charron. Le métier de charronnage spécialisait ses adeptes dans la fabrication des roues, des essieux et des moyeux. Comme cette commande d’une petite charrette “avec des roues ferrées, bandées, boetées, frettées et peinturées à la façon de celle de François Meunier“. Le vocabulaire d’époque mentionne des barouches, des sainte-catherines, des calèches, des banneaux, des cabriolets, des berlots, des carrioles, des tombereaux et, d’origine anglaise, des “surreys, buggies, sulkies, trailers, robbertires”.
Une commande auprès de Vital Bertrand nous révèle les divers modèles de voitures utilisées à l’époque. Le voiturier Bertrand livrera à Antoine-Louis Fréchette, marchand de Chambly, seize wagons dont quinze « Concord », six « Humber Wagon », un « Jenny Line Wagon » et deux charrettes carrées sur ressorts d’acier et « springs » en fer et peinturées. Le tout pour la somme de 405 $. Il lui fournira tous les matériaux nécessaires et la peinture. Laquelle somme M. Fréchette gardera par devers lui en acompte de ce que lui doit Vital Bertrand (Charles-Gédéon Scheffer, 25 avril 1862). Vital Bertrand, voiturier, vend à Antoine-Louis Fréchette : six berlots, quatre sleighs fins et un bob-sleigh avec sa boite. (Charles-Gédéon Scheffer, 18 décembre 1862). Vital Bertrand, aussi qualifié de menuisier, fils de Simon Bertrand et d’Angélique Massé, avait épousé Marie-Amable Robert à Chambly le 30 janvier 1849.
François Lemonde (c1819-1897) voiturier à St-Mathias, fils de Christophe Lemonde et de Geneviève St-Germain, épousait Louise Charbonneau à St-Charles le 3 février 1845. François Lemonde s’était associé avec “Louis Trudeau, voiturier de Saint-Mathias, pour faire des voitures dans les bâtisses du sieur Lemonde” (Paul-Solyme Bertrand, 12 novembre 1857) et avec “Honoré Ostiguy, voiturier de Saint-Mathias, pour travailler et faire des voitures dans les bâtisses du dit Lemonde” (Paul-Solyme Bertrand, 30 janvier 1860). François Lemonde occupait le lot no 2 du cadastre de la ville de Richelieu. Ce couple aurait eu douze enfants: Adeline (c1846), Mathilde (c1848), Alfred (1850), Caroline (1852), Philomène (1853), François-Alfred (1855), Amélia (1857), Dosithée (1858), Wilfrid (1860), Aldina (1861), Edmond (1863), Laura (1864). François Lemonde sera inhumé le 21 mai 1897, âgé de 78 ans. Il y a quelque 50 ans de métier derrière cet artisan. Deux de ses fils poursuivront le même art de fabrication des voitures.
Dosithée Lemonde, (1858-1928) voiturier, était constructeur de voitures à Saint-Mathias en 1888. (J. T. Amédée Robert, 25 avril 1888; Scheffer, 6 juillet 1888). Au recensement de 1891, no 133, à Chambly-Canton, Dosithée Lemonde, 32 ans, est qualifié de voiturier; Élisa, son épouse, 30 ans. On trouve son monument au cimetière de Chambly. Dosithée Lemonde (1858-1928) et Élisa Lemaire (1859-1933) s’étaient épousés à St-Charles le 7 juillet 1879.
Wilfrid Lemonde, (1860-1889) fabricant de voitures (N. D. D. Bessette, 28 mars 1887). Il avait épousé Rosanna Monast à Saint-Charles le 14 mai 1883. Au tournant du siècle, l’arrivée progressive de l’automobile va porter le coup fatal à cette industrie artisanale.
Note: Le Jenny Line Wagon serait-il plutôt une voiture ou diligence rappelant la mémoire de la cantatrice Jenny Lind. Celle-ci a vu son nom attribué à des “Jenny Lind coats, Jenny Lind hats, Jenny Lind shirts“, etc.