Paul-Henri Hudon
HISTOIRE – L’enfant tout blanc avance souriant, gracieux, à l’image du bonheur, de l’insouciance, de la candeur et de l’espérance. Derrière lui, le souvenir s’efface dans l’ombre, tel “qu’on oublie le visage et on oublie la voix” (Léo Ferré).
Le vieillard à barbe blanche fait succéder les heures aux heures, les jours aux jours, les mois aux mois, les ans aux ans. Il tient à la main l’instrument qui fauche les vies.
L’aiguille de ce jour unique appartient à la nuit. C’est l’inconnue des lendemains à venir. La flèche de minuit hésite au sommet de l’horloge, comme si elle refusait d’enjamber le futur. Elle porte la longue barbe des temps immémoriaux, des siècles cosmiques.
Les années passent, courbées sous le poids des travaux et des âges. “Mais un jour qui n’est pas venu et qui se fait dans les nues, peut-être est-ce demain, peut-être l’an prochain, il viendra, il est ici… le jour qui jamais ne finit, et qui s’appelle aujourd’hui”. (Félix Leclerc, Le Jour qui s’appelle Aujourd’hui”).
Au jour de l’An, le temps passé est vite fané. Minuit venue, faut le traverser. Le calendrier est prêt à changer. Quelques courtes journées encore à s’éclairer. L’hiver figé, les sources gelées, le printemps à espérer, c’est une année de grâce à cultiver. “Tu te lèveras tôt. Tu mettras ton capot. Et tu iras dehors”. (Félix Leclerc).
Sources: Le Monde Illustré, 3 janvier 1891. On aura reconnu une esquisse de Edmond-Joseph Massicotte, intitulée Le jour de l’An, parue dans Le Monde Illustré, 4 janvier 1896.