Le fort de Chambly sous toutes les couleurs. Celles de Henry Sandham

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Enfin que voila un fort vivant ! Et une représentation combien pittoresque ! La plus évocatrice, à mon goût. Nous sommes en présence d’une fresque champêtre, romantique à souhait, sous un lourd soleil d’été.

Même la fumée au loin évoque la vie rurale saisie en instantané. On ne distingue aucune autre habitation, laissant tout le champ aux murailles d’avant-plan.

Les teintes d’ocre foncé imprègnent une atmosphère fauve à l’ensemble. Tout est rouille, basané, cuivré, tant la terre et les vaches que les pierres. Même l’eau du bassin reflète la rousseur du monument. Il faut noter la minutie du détail.

Une note de réalisme est souligné par la végétation qui a pris racine au sommet des murs. La vétusté du monument, ses fractures, ses débris n’en sont que plus tangibles. Et le vert éclatant de l’herbe, semé de marguerites. Y’a de la vie dans cette scène, et du mouvement !

Il y a peu d’artistes du fort de Chambly qui ont personnifié des hommes, encore moins des animaux, autour de cette ruine. L’oeuvre de Sandham nous laisse voir quatre personnages, dont une femme qui conduit des vaches s’abreuver au bassin. Les pierres formant le chambranle de l’entrée sont nettes de tout inscription.

Le Canadien, né à Montréal, Henry Sandham (1842-1910), nous a laissé cette huile sur toile peinte en 1878, trois ans avant que Joseph-Octave Dion n’entreprenne la réfection du fort de Chambly. Sandham était peintre, photographe et illustrateur.

Il perfectionna son art sous la supervision de son beau-père, John Arthur Fraser, directeur artistique et coloriste au réputé studio du photographe William Notman. On peut se demander si le tableau ne proviendrait pas d’une photographie ?

Sources: Photographies numérisées de la collection de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly, P025P616. Musée des beaux arts du Canada. Pierre B. Landry, Dictionnaire biographique du Canada, vol XIII.