Le fort Chambly comme asile et dispensaire

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE “Son Excellence a accordé, en 1832, l’usage de l’ancien fort pour servir d’hôpital. Un membre de ce bureau nous a informé aujourd’hui qu’il ne s’est présenté aucun nouveau cas depuis trois jours ; et un homme et sa femme sont morts du choléra au moulin de Mme veuve de Salaberry.”

Au village de Chambly, le choléra a emporté 52 personnes en huit jours; plusieurs sont des Canadiens, dont une demoiselle de Salaberry; les autres, des émigrés. Parmi les personnes mortes à Chambly : John Row, ancien maître d’école dans sa maison. Six Irlandais en sont aussi morts dans l’espace de quelques jours. Le nommé Lacroix, 52 ans, et deux de ses fils, un de 21 ans, l’autre de 18 ans. Basile Duclos, 60 ans”. (La Minerve, 2 juillet 1832).

Les autorités ont dû organiser rapidement des services médicaux quand l’épidémie de choléra a fondu sur la population en juillet 1832. “On a établi à Chambly un bureau sanitaire composé de l’Honorable Samuel Hatt, juge de paix, président, d’Augustus. Kuper, secrétaire, du Dr Timothée Kimber, médecin, de Charles Poole, médecin, de René Boileau, Joseph Demers, Jacob Glen et David David”. (La Minerve, 19 juillet 1832).

Des comités sanitaires semblables ont été mis sur pieds dans les endroits suivants : Sorel, Saint-Jean, La Prairie, Soulanges, etc.

Après le départ des troupes britanniques, des autorités locales ont cherché à utiliser les casernes militaires laissées à l’abandon, tel que le curé de Chambly. On a écrit que ce dernier y voyait l’établissement d’une institution pour les sourds-muets.

Effectivement, à la session de 1858, Chambly demandait aux parlementaires qu’un Institut des sourds-muets soit installé à Chambly. Un journaliste atteste “que Messire Pierre-Marie Mignault avait fait des efforts auprès du gouvernement provincial dans le but d’obtenir le vieux fort pour servir d’abri aux sourds-muets et, par ce moyen, favoriser leur éducation. Mais tout fut inutile. Peu de temps après le fort abandonné du subir l’outrage du temps” (L’Opinion Publique, 22 octobre 1874, p. 527)

Un certain nombre de médecins régionaux ont suggéré d’utiliser les casernes comme asiles d’aliénés. “Veuillez croire que ce n’est pas par esprit de concurrence que l’idée de convertir en asile d’aliénés les casernes de Chambly est venue à quelques médecins, mais bien par un but de philanthropie… Ils demandent au gouvernement de disposer des casernes de Chambly pour en laisser faire un asile à peu près comme celui de Beauport”. (La Minerve, 4 septembre 1869).

Lors de l’épidémie de variole de 1872, on proposa d’utiliser les casernes comme dispensaires..Joseph-Octave Dion, un antiquaire du voisinage, aurait voulu que le fort fut restauré pour en faire une retraite pour les vétérans… (Le Canada-Français, article non signé, 18 août 1899). Mais aucune information ne nous permet de confirmer la réalisation de ces demandes.

Quant aux hôpitaux militaires, les Britanniques avaient loué les résidences de deux notables de Chambly, la maison de pierre de Jean-Baptiste Bresse, qui habitait sur la rue Martel, et celle de Noël Darche, dont la maison se trouvait à l’emplacement actuel du poste d’Hydro Québec entre le canal et le boulevard Périgny. (René Boileau, 17 août 1814)

Illustrations: Archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly: Fonds François-Bienvenue.

Fonds Grand Séminaire de Québec, aquarelle datée de 1845, signée “Madame Berczy, Maitre en dessin à la Ville de Montréal”.