Le coin du vinyle…voix perdue, inspiration retrouvée !

Nous avions bien aimé les trois premières galettes et les spectacles de Patrick Watson qui avaient cartonné à l’international avec quelques-uns de ses titres se retrouvant dans les score’s de films et de séries télé américaines.

Puis, pendant une longue période, nous sommes allé voir ailleurs. Non pas que la suite a été mauvaise, mais parce que les intérêts se trouvaient dans le passé, dans nos vieux vinyles des seventies que nous redécouvrions avec le plus grand bonheur.

Tout ça pour mettre la table au disque que Watson vient de lancer et qu’on m’a prêté pour une écoute ce week-end. Album sur trame de fond mélancolique, ‘’uh oh’’ est parfait pour une soirée d’automne.

L’album marque plusieurs collaborations pour le natif de Californie immigré au Québec, qui a lancé une perche à des vocalistes féminines pour venir soutenir la perte de sa voix pendant un long trimestre, l’artiste s’étant brisé les cordes vocales en chantant trop fort en tournée.

Mais rassurez-vous, malgré les 6 notes qu’elle a perdu à jamais, cette voix si singulière de Patrick est de retour. C’est ce qui nous fait dire que le type n’aura probablement jamais son groupe hommage, tant sa façon de faire débouler les mots est personnelle et complexe.

Sur cet album, on retrouve la signature impressionniste-contemporaine de l’artiste de la scène indie montréalaise : une musique planante soutenue par des vocalises en lamento/vibrato avec des harmonies et des aiguës cristallines. C’est une musique bien de son époque, qui explore les sonorités et les patchs des claviers d’aujourd’hui mais qui ne boude pas non plus les instruments acoustiques : guitares, percussions, cuivres, cordes…

L’album s’ouvre sur ces mots : ‘’I lost my voice, ‘cause I talk too loud’’

Le ton est lancé !

Écrit au ‘’Je’’, l’album se décline en 11 pièces, toutes empreintes de mélancolie. On demeure dans l’intimiste, dans la confidence… Plusieurs pièces sont imprégnées d’un effet de reverb de type cathédrale. L’écriture musicale dramatique se rapproche beaucoup de celle utilisée dans les trames sonores de films noirs.

Parmi les chants de sirènes d’invitées reconnaissables, on retrouve de gros noms : Charlotte Cardin (uh oh, Gordon in the Willow), Klô Pelgag (Ami Imaginaire) dont les voix collent bien à la musique éthérée de Patrick Watson.

Un autre gros canon que ce duo avec Martha Wainwright (House on Fire). Je ne suis pas un fan des rejetons des Soeurs McGuarrigle. Nous trouvons parfois, et c’est bien personnel, un peu agaçant le tone nasillard des Wainwright. Mais ici, blendé avec la voix de Watson, ça passe mieux.

Une des meilleures pièces de l’album: ”Ça va”, chantée en français par Solann. Une valse en trois temps sur un sublime arrangement de cordes, qui nous rappelle la musique de la trilogie des ”Trois Couleurs” du cinéaste polonais Krzysztof Kieślowski. Un pur chef-d’oeuvre.

Bref, un album qui s’inscrit bien dans la foulée de la discographie de Patrick Watson. La signature est intacte et ravira les fans de la première heure. Je ne serais pas surpris de voir quelques-unes de ces pièces figurer à nouveau dans des trames sonores de films.

À suivre.