Le coin du vinyle : Revolver des Beatles

Plusieurs aficionados ont qualifié “Revolver” d’album phare des Beatles tant il regorge de chansons étranges laissant place à l’exploration de nouvelles sonorités : “I’m Only Sleeping”, “Tomorrow Never Knows”… Il faut dire qu’à cette époque, les Beatles ne tournent plus et peuvent composer à leur guise entre les quatre murs de leur mythique studio.

“Revolver” demeure un Ovni dans la discographie des Beatles. Ce disque jetait un pavé dans ce qu’allait devenir les carrières solos des membres de ce groupe légendaire. George Harrison sort enfin de l’ombre et signe trois chansons : “Taxman”, “Love You Too”et l’excellente “I Want To Tell You”.

Le disque est aussi un joyeux ramassis styles musicaux qui vont dans toutes les directions. Ça va de la classique “Eleanor Rigby”, à l’Indienne “Love You Too”, en passant par la loufoque “Yellow Submarine”, chantée par Ringo Starr.. Qui d’autre pouvait chanter cette chanson !!

Du gain !!!

Ce qui frappe lorsque l’aiguille est déposé sur le premier sillon du vinyle, c’est la qualité du son et son amplitude dans l’espace. C’est que pour ce disque, les ingénieurs ont fait appel à une nouvelle technologie, qu’on se garde bien de nous dévoiler. Au bas de la pochette arrière du disque on peut lire : “Capitol’s new improved dimensional stereo sounds… better than stereo has ever sounded before”. Et ça s’entend !

La basse de Paul McCartney est plus tranchante et définie que jamais, tout comme les voix, les guitares, les percussions et les cuivres. Aux audiophiles, nous recommandons les pressages originaux de ce disque et non les fades copies d’aujourd’hui, numérisées et remasterisées, qui ne sont que des daubes…

Plusieurs éditions

L’édition originale de “Revolver” comporte 14 chansons contrairement à l’Américaine. Comme l’éditeur américain publiait par habitude des albums avec onze ou douze chansons et non quatorze, l’édition américaine de Revolver ne comportait pas les titres “I’m Only Sleeping”, “And Your Bird Can Sing” et “Doctor Robert”, toutes chantées par John Lennon, qui avaient déjà été placés sur l’album “Yesterday and Today”, paru sept semaines plus tôt en Amérique du Nord.

Cette version, réduite donc à onze chansons, durait environ 28 minutes, contre environ 35 minutes pour l’édition anglaise. On n’y entend donc Lennon comme chanteur principal que sur deux chansons.

L’édition française originale est identique en tout point sauf pour le décompte d’introduction (One, two, three, four, one, two) de “Taxman” – qui est également le début de la bande – qui est pris par erreur par le technicien pour une indication de son homologue britannique et purement et simplement coupé. De plus, sur l’étiquette du disque de ce premier pressage, le titre de la chanson “I Want to Tell You” est erronément inscrit “I Want to Love You”.

Pochette magnifique

Le dessin de la pochette de Revolver est signée par Klaus Voormann, ami des Beatles depuis leurs débuts à Hambourg. Chaque Beatle y est dessiné à la main, dans un style inspiré d’Aubrey Beardsley (exposé à Londres en 1966), avec de gauche à droite et de haut en bas, Paul McCartney, John Lennon, Ringo Starr et George Harrison.

Les portraits sont séparés par un collage, mélange de vieilles photos et de dessins. La pochette est entièrement en noir et blanc, ce qui n’était plus le cas depuis celle de “With the Beatles”. Klaus Voormann est présent en photo sur la droite de la pochette, près de sa signature, entre les portraits de Lennon et Harrisson : il devient donc la première personne extérieure au groupe à figurer sur la pochette d’un de leurs albums.

Cette création marque un tournant dans l’évolution des pochettes d’albums et lui vaut un Grammy Award pour la meilleure pochette d’album en 1966.