Le chemin de Chambly-Longueuil, un patrimoine historique exceptionnel

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – C’est au régiment de Carignan-Salières, à ses valeureux soldats que l’on doit la percée à travers bois de ce chemin historique. Le chemin de Chambly est un chemin royal, a été commandé par les autorités coloniales dès 1665, pour le service du roi et les besoins militaires :

Le même jour, M. le gouverneur me fit commander trente-six hommes avec six officiers ou sergents pour aller travailler à faire un chemin de ce fort Saint-Louis à Montréal à travers bois et marais, quoique la plupart fussent malades. Je lui représentai que ce chemin se ferait mieux l’hiver, lorsqu’il gèle. Bien qu’à présent les hommes auraient de l’eau jusqu’à la ceinture, il voulut qu’ils le fissent. (Roy et Malchelosse, Le régiment de Carignan, Ducharme, Montréal, 1925). Ce chemin, commandé sur un coup de tête et grossièrement élaboré dans des conditions pénibles par des soldats, est resté plus ou moins à l’abandon tout le long du régime français.

Les autorités signaleront quelquefois la nécessité de le parfaire: “Ordonnance qui porte que les habitants de Longueuil qui ont des terres sur les deux côtés du ruisseau Saint-Antoine, ensemble ceux qui sont établis sur le coteau Rouge, depuis Charles Trudeau jusqu’à Daniel Gélinos, et tous ceux qui ont des terres le long du chemin Chambly commenceront dès cette année à travailler au chemin de Chambly depuis leurs concessions jusqu’au fort“. (Ordonnance des Intendants, 18 juillet 1730).

“Ordonnance qui fait défense aux habitants de la Beauce et à ceux de Chambly, et à tous les autres de passer au travers des terres ensemencées, eux et leurs voitures, sous prétexte d’abréger le chemin, quand ils vont à Verchères ou se rendent au marché en la ville de Montréal… Ils devront suivre les grands chemins ou passer sur les terres en friche et non sur celles ensemencées”. (Ordonnance des Intendants, 11 juin 1734).

Aussi cette requête en 1732 : “Rien ne serait plus utile pour l’économie du roi et pour l’accroissement de cette colonie que de rendre praticable, été comme hiver, le chemin qui est tracé de Longueuil à Chambly. (…) Il coûte plus cher au roi d’envoyer des vivres au fort de Chambly par voie maritime, puisque la distance aller-retour par Sorel est de 60 lieues, tandis que par Longueuil, elle serait de 9 lieues”. L’intendant Hocquart appuie : “Ce chemin fait jusqu’à la profondeur de 55 à 60 arpents. M. le baron de Longueuil pourra concéder en moins de deux ans toute la profondeur de sa seigneurie. Il lui sera aisé d’obliger ses nouveaux concessionnaires de faire et entretenir le dit chemin chacun devant sa terre…” (Cité dans Cahiers Gen-Histo, no 2, mars 1980, pages 43-48).

Ce n’est qu’en 1767 et 1772 que quelques concessionnaires de la seigneurie de Chambly obtiendront des lots dans la profondeur des terres, longeant le chemin historique. L’entretien par les habitants permettait ainsi de le rendre plus praticable.

Illustrations:

Le chemin de Chambly. Un orme superbe a été abattu. 1935

Le pont couvert sur la rivière L’Acadie joignant le chemin de Chambly. 1912