La tentation de l’or des années 1850. De Chambly à la Californie

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Combien de personnes de Chambly ont couru vers le “Far West” dans l’espoir de revenir millionnaire ? Nous avons pu retracer quelques individus:

Clémence Denis dit Laporte est  l’épouse du maître-forgeron Antoine Renaud de Saint-Joseph-de-Chambly. Voilà que ce dernier “a laissé son domicile à Chambly, il y a 17 mois (juin 1851), pour un voyage aux États-Unis, dans le but de se rendre en Californie, s’il pouvait réussir à réaliser une assez forte somme pour s’y rendre. Depuis son départ, il a donné des nouvelles par lettres datées des États-Unis, où il parait qu’il a fait sa résidence actuelle, disant qu’il n’a pas réussi dans ses projets, comme il s’y était attendu, mais qu’il espérait toujours y réussir. Il exprimait le vif désir de régler ses affaires du Canada. Il sollicitait son épouse d’arranger les choses pour le mieux.

 “Or, quand Renaud est parti pour les États-Unis, il devait à Honoré Demers la somme de 50 livres du cours actuel. La succession Demers exige le paiement immédiat. En outre, Renaud doit au marchand Eustache Soupras 50 livres de cours actuel; enfin il est dû à Eusèbe-Hyacinthe Fréchette 25 livres. Mme Clémence Denis dit Laporte reconnait ces dettes. Mais elle est dans l’impossibilité de payer et elle désire éviter les frais d’actions. Elle est chargée du soin, de l’entretien et de l’éducation de ses sept enfants dont le plus vieux a 15 ans. En plus elle est tenue de nourrir à son pot et ordinaire dame Marie Gravel, sa mère, veuve de feu Joseph Laporte. Donc elle dépose cette requête pour vendre à Prudent Robert un lot de terre de trois arpents de front par sept, au prix de 50 livres pour payer Honoré Demers...” (Notaire Alexis Mercille, 4 octobre 1852)

 Nous avons identifié six des enfants d’Antoine Renaud: Antoine (1837), Florence (1839), Joseph-Israël (1841), Lucie, (1846), Alphonse (1848), Marie-Rose (1850). Puis cette famille quitte Chambly à une date imprécise.

Zéphyrin Rochon dicte son testament en ces termes: “Demeurant à Pueblo de San Jose, ancienne capitale de la Californie aux États-Unis, étant à Chambly, sur le point de partir pour un voyage aux États-Unis, Zéphyrin Rochon laisse à son épouse Cornelia Ann Kennedy la jouissance de tous ses biens meubles et immeubles. Mais il lègue la propriété à ses enfants. S’il meurt sans enfants, il laisse tous ses biens à l’évêque catholique de New York. Il veut que les dépôts dans différentes banques de New York soient laissés à son épouse“. Ce testament est rédigé à Chambly, en présence du notaire Charles-Gédéon Scheffer. (Notaire Alexis Mercille, 28 avril 1852). Nous n’avons pas pu identifier ce Zéphyrin Rochon, ni la raison de sa présence à Chambly en avril 1852. Se serait-il marié aux États-Unis, peut-être dans l’État de New York?

 Auraient aussi marché vers la Californie (1850), vers le Montana (1852), ou vers le Klondike (1897), le médecin et patriote de Chambly Jacques-Guillaume Beaudriau (1818-1863) en 1850, et l’ex-coseigneur de Chambly Thomas-Clark Hatt (1822-1878) aussi dans les années 1850.  En 1900, une autre fièvre de l’or poussera deux résidents de Richelieu, Amédée Nadeau (1861-1965) et Alphonse Daignault, ce dernier maire de la localité, “à se laisser tenter par la grande aventure dans les contrées aurifères du Cap Nome au Klondike“.

Sources: Notaire Alexis Mercille, 28 avril 1852 et 4 octobre 1852. Paul-Henri Hudon: Fragments de vie, Chroniques richeloises, page 80.