La renommée et la légende de Joe Beef !

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Qui n’a pas entendu le nom de ce monsieur, Irlandais d’origine, qui tenait une cantine accueillante dans le port de Montréal dans les années 1870 ?

Personnellement, j’en avais conservé une image mentale qui me le représentait comme une sorte de Jos Montferrand. Un costaud, un gars fort, athlétique, plus taureau des champs que lion en cage. Prototype d’une race de géants.

On le dit généreux et libre. Défendeur des petits et des faibles. Secourant les mal pris, les égarés, les nouveaux débarqués. Il était connu, dit-on, de tous les marins du monde.

Charles McKiernan (1835-1889), de son vrai nom, démobilisé de l’armée britannique, ouvrait la porte de son établissement à Montréal à tout venant, riche et pauvre, mais surtout pauvre.

Cantinier, aubergiste, cuisinier, logeur, il ose même supporter des grévistes, au grand scandale des dominants. Nourriture, boisson, logement, divertissement constituaient son entregent de tous les jours, dans sa taverne de la rue de la Commune, avec son ours en cage qu’il exhibait.
Peut-on imaginer tous ces marins de haute mer qui hantaient sa buvette, arrivant de Liverpool ou d’Amsterdam… Et des marins qui rient, des marins qui dansent…

Dans le port d’Amsterdam, y a des marins qui mangent sur des nappes trop blanches des poissons ruisselants,

Dans le port d’Amsterdam, y a des marins qui meurent, pleins de bière et de drames, aux premières lueurs – Jacques Brel –