La politique de l’eau a 20 ans, où en est-on réellement ?

BELOEIL – Le 26 novembre a marqué les 20 ans de la Politique nationale de l’Eau.  Présentée par le premier ministre Bernard Landry et le ministre de l’Environnement de l’époque, sous le thème « L’eau. La vie. L’avenir. Un nouveau défi collectif », cette politique était ambitieuse et promettait une amélioration tangible de la gestion de notre eau, « notre patrimoine bleu ».

Par cette politique se créait les organismes de bassins versants (OBV).  L’eau n’ayant pas de limites administratives, la notion de bassin versant permettait de définir le territoire d’usage de l’eau, qui a la capacité de déterminer naturellement son territoire.  Nous pouvons le constater lors des inondations, l’eau n’hésite pas à se réapproprier le territoire qui lui revient.  Les acteurs de l’eau des bassins versants se responsabilisaient et se concertaient pour définir ainsi un plan directeur de l’eau (PDE) sous la coordination de l’OBV.

Au fil du temps et des gouvernements qui se sont succédés, l’Eau avec un « E » majuscule, a repris le « e » minuscule, malgré l’importance et l’essentielle nécessité d’en assumer une gestion concertée et transversale.  Au début de la politique de l’eau, pour démontrer son importance, la mise en place de la politique et les liens avec les OBV se négociaient directement avec le sous-ministre et ses représentants.  Aujourd’hui, le lien des OBV au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les Changements Climatiques, de la Faune et des Parcs, relève d’une direction de 3e niveau au « Sous-ministériat à l’expertise et aux politiques de l’eau et de l’air ».  Un lien professionnel on s’entend, mais dont la hiérarchisation semble démontrée l’importance de la gestion de l’eau pour l’État.

Les OBV ont développé au cours de ces 20 ans de « gestion intégrée de la ressource eau » (GIRE) une expertise indéniable du terrain et une connaissance pertinente des différents acteurs de l’eau.  À tous les jours, les OBV font des miracles avec les moyens qui leur sont attribués, et beaucoup a été réalisés.  Imaginons tout ce qui aurait pu être fait en plus, si on leur avait octroyé les ressources nécessaires que prescrivait la Politique nationale de l’eau.

À l’aube de la mise à jour des Plans directeurs de l’eau, il devient nécessaire de connaître la vision du gouvernement en matière de gestions intégrée de l’eau.  La gestion quotidienne de l’Eau fait intervenir près de 10 ministères du Québec et c’est sans compter la gestion fédérale qui se greffe aussi à toute la réalité de la gestion de l’Eau au Québec.  La transversalité est de mise, la gestion par silo n’a plus sa place, et il devient impératif, outre de concerter les acteurs de l’eau et les citoyens, de mobiliser les différents ministères vers une vraie gestion intégrée de l’eau telle que le préconisait à l’origine la Politique nationale de l’Eau.

20 ans c’est peu dans la vie d’une société, mais vient un temps où il faut se poser et réaligner la vision.  Et je crois que nous sommes à ce moment afin de se donner une vision claire de la gestion de l’eau.  L’eau qui est un dénominateur commun dans la lutte aux changements climatiques, dans la protection de notre biodiversité, et une ressource essentielle pour le soutien du développement économique, social et culturel de nos collectivités.

C’est pourquoi, je soutiens et joins ma voix aux propos de nos collègues de Fondation Rivières et d’Eau-Secours afin que le Québec ait bientôt son Sommet national de l’Eau afin de concerter les différents acteurs de l’eau et de conjuguer tous les efforts de la multitude d’intervenants qui veillent à la protection de cette ressource inestimable pour notre société et dont l’abondance est de plus en plus précaire.  Pour assurer la protection et l’avenir de notre ressource, il est primordial de la doter d’un leadership fort et efficace.

Sylvain Lapointe
Directeur général du COVABAR