La glace, l’ennemie redoutée des navigateurs !

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Que faire autrefois quand les froids glacials paralysaient les bateaux ? Les compressaient dans un étau massif ? Et si, de surcroît, les courant marins, les marées, les vents, les débâcles arrachaient les amarres, désarticulaient les armatures, défonçaient les coques de bois?

Ainsi en est-il en décembre 1871, quand “près de 25 barges et petits bateaux à vapeur sont pris dans la glace du Richelieu”. (L’Opinion Publique, 21 décembre 1871). Il fallait mobiliser un grand nombre d’ouvriers avec des pics, des pelles, des gaffes, des scies de long, des haches. Piocher, creuser, faire des trous, évider, forer, miner peut-être. Débloquer les navires, les entraîner dans un chenal et les hisser au-dessus de la couche de glace. Enfin, les traîner sur la rive.

En 1902, plus de 200 hommes sont employés par le département des Travaux publics, par la Compagnie de navigation Richelieu & Ontario et la Compagnie de remorqueurs Sincennes-McNaughton à réparer les dégâts causés dans le port de Sorel par la débâcle du Richelieu, depuis dimanche soir. On coupe la glace autour des bateaux qui ont été déplacés. Une équipe de 50 hommes fait un chenal large de 150 pieds sur une longueur d’un demi mille jusqu’à l’eau profonde du fleuve. (Le Sorelois, vendredi 20 décembre 1901, p. 3; et 24 décembre 1901, p. 3 : « Lundi,on continue les travaux. Un des bateaux du havre, un arrache-pierres qui avait été entraîné à l’embouchure du Richelieu par la débâcle du 15 décembre dernier, a sombré hier. (Le Sorelois, mardi 4 mars 1902, p. 3).

La glace de la rivière Richelieu, désagrégée par le dégel de la veille, s’est mise en mouvement et, entraînée par le courant fort rapide, a causé des dommages considérables à la flotte en hivernage dans le port… Une vingtaine de bateaux, dont plusieurs fort avariés, étaient pressés les uns contre les autres dans un pêle-mêle indescriptible. … etc. (Le Sorelois, mardi, 17 décembre 1901, p. 3).

Après être sortis de leur gangue compacte, il y aura encore à réparer les avaries subies par plusieurs bateaux de ces compagnies. ”Nos Sorelois peuvent se vanter d’avoir accompli là une œuvre gigantesque”, se félicite le chroniqueur. (Le Sorelois, vendredi, 10 janvier 1902, p. 3).

Illustration: L’Opinion Publique, 14 décembre 1871