La catastrophe du 17 mai 1826. Cinq victimes, noyées dans le bassin de Chambly

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Nous savions par nos recherches dans les archives paroissiales de Chambly qu’un accident était survenu au mois de mai 1826 à Chambly, provoquant cinq noyades. Mais nous ignorions la nature de cette catastrophe. Il n’existait aucun journal local ni régional pouvant nous informer de ce fait. Nous pensions que cette  tragédie avait pu survenir lors de la descente dans les rapides des nombreux radeaux de bois qu’on expédiait vers Québec. En effet des audacieux “cageux” osaient “sauter” les rapides  portant des rameurs, des guides et des pagayeurs à travers le bouillonnement des  eaux fracassé par les rochers, les vents et les remous. À ce jour, nous n’avons trouvé aucun accident de ce type dans nos rapides. Ce qui était parfois le cas ailleurs, comme nous l’écrivons plus bas.

Or, en feuilletant le journal montréalais le Canadian Spectator, un entrefilet nous décrit cet évènement de mai 1826. Nous traduisons: “On nous informe qu’un malheureux accident est survenu mercredi dernier. Onze personnes montées dans une chaloupe pour mettre un vaisseau à l’eau, lequel, l’hiver terminé, se trouvait dans une position telle qu’il requérait des manoeuvres pour le mettre à flot. Alors que les travaux étaient en cours pour le dégager, un coup de vent exceptionnellement violent renversa la chaloupe, Cinq seulement des onze individus furent sauvés, selon nos informations.” (Canadian Spectator, 20 mai 1826). Le Spectateur canadien énumère les noms des victimes noyées, soit “Michel Decelle, fils, Jean-Baptiste Cormier, Joseph Benoit, Jean-Baptiste Lavoie et François Malliot“. (Spectateur Canadien, 3 juin 1826, p. 3). Vérification faite dans les registres des sépultures, “Michel Decelles, 20 ans, inhumé le 20 mai, noyé depuis trois jours; Jean-Baptiste Daumier, inhumé le 25 mai, âgé de 25 ansJean-Baptiste Lavoie de Saint-Luc, inhumé à Chambly, le 24 mai, âgé de 26 ans, noyé depuis huit joursJean-François Malhiot, 21 ans, inhumé le 25 mai. Enfin un jeune homme, inhumé à St-Luc, le 20 mai 18826, du nom de Joseph-Bessette-Benoit, décédé par accident“. Donc, il n’y a pas eu sept victimes, mais seulement cinq.

Cependant elles ne sont pas rares les victimes des radeaux de bois  descendant les cours d’eau du Québec : “Une personne arrivée dernièrement de la rivière des Outaouais nous informe qu’il s’est noyé pas moins de quinze à seize personnes dans un court espace de temps sur cette rivière, ni moins de huit à la fois sur un cajeu ou radeau qui fut entrainé malgré tous les efforts de ceux qui étaient dessus dans les rapides du Long Sault“. Nous sommes en 1826. “Mercredi dernier, (31 mai 1826), une barge venant du Haut-Canada, chargée de potasse, a péri dans les rapides de Lachine. Sur cinq hommes qu’il y avait dessus, trois se sont noyés. On parle aussi d’une autre barge périe le même jour dans le même endroit, mais dont tout l’équipage a été sauvé”. (Le Spectateur canadien, samedi 3 juin 1826, p. 3)

Références Canadian Spectator, 20 mai 1826. Le Spectateur Canadien , 10 juin 1826. Registre des paroisses de Saint-Joseph-de-Chambly et de St-Luc.

Illustrations, Opinion Publique, 9 juin 1881. Archives de la SHSC, Les cageux de bois descendant dans les rapides de Chambly.