La cantatrice Emma Albani est revenue trois fois dans son village natal

Pau-Henri Hudon

HISTOIRE – Emma Lajeunesse est partie en Europe en 1868 pour parfaire sa formation musicale. Les grands théâtres d’Europe en ont fait une des célèbres cantatrices de son temps. C’est bien connu. Elle aura passé quelque 74 ans de sa vie à l’étranger sur les 83 ans de son existence.

Emma Albani écrit dans ses mémoires avoir passé, enfant, quelques vacances à Chambly chez son grand-père, rue Martel actuelle. “Rose-Délima Mignault, l’une de nos tantes les plus âgées, avait un talent peu commun pour raconter des histoires. Elle n’allait pas jusqu’à mimer l’action, mais, rassemblant autour d’elle quelques enfants, elle leur racontait histoire après histoire, toutes inventées au fur et à mesure, changeant de voix avec chaque personnage, en y mettant tant de finesse que le tout semblait vivre devant nous, alors que nous étions assis, les yeux et la bouche grands ouverts, totalement captivés (Mémoires, page 20). À 15 ans, elle deviendra orpheline de sa mère, Rachel Mignault (1827-1856). Il semble que les liens avec les Mignault se soient depuis lors relâchés.

Malgré que que son père Joseph Lajeunesse se soit établi à Chambly en 1881, dans une superbe résidence sur l’avenue Bourgogne (Notaire Eugène Archambault, St-Jean, 9 décembre 1881),  la cantatrice ne serait pas venue à Chambly en 1881. Ni d’ailleurs en 1883, alors qu’elle donnait des récitals à Montréal. Elle affirme: “Je n’ai pas le temps d’aller à Chambly“. (L’Étendard, 29 mars 1883). Cependant, “Albani visite et déjeune chez sa grand-mère, rue Saint-Hubert, à Montréal“. (La Minerve 29 mars 1883). Cette grand-mère est Rachel McCutcheon (1806-1885), veuve de Basile Mignault,  baptisée à Chambly le 17 août 1806 et inhumée le 22 janvier 1885. « Mme Albani a fait visite hier à son aïeule maternelle“, confirme le journal. (L’Étendard, mercredi, 28 mars 1883). “Elle se rendra aussi au couvent du Sacré-Coeur avec son frère, où elle chantera un <Ave Maria> qui émeut tout le monde“, selon le journaliste.

C’est donc vingt et un ans après son départ pour l’Europe qu’elle revint la première fois à Chambly, soit le samedi, 23 février 1889. Elle a alors 48 ans. Elle est mariée et mère d’un garçon. “Elle est reçue à la gare, escortée chez son père et reçue à diner chez le maire, Joseph Ostiguy“.  On la reverra aussi en avril 1892 et en janvier 1896.

En avril 1892, Emma Albani vient à Chambly, accompagnée d’un violoniste aveugle, Ernest Willett. (Le Montérégien, 11 février 2019). Elle y rencontre son père et Joseph-Octave Dion, son (grand-) oncle, le Dr Lafontaine et Samuel Thomas Willett.  (La Presse, 13 et 21 avril 1892). Il s’agit de Charles Robert dit Lafontaine (1816-1899), médecin, fils de Louis et de Rose Dubuc. Rose Dubuc (1781-1867), était son aïeule, veuve de Jean-Baptiste McCutcheon et mère de Rachel McCutcheon.  Pas de visite chez les Mignault. Il semble qu’ils aient tous quitté Chambly. Son grand-père Basile Mignault (c1895-1869) aurait été le dernier inhumé à Chambly.

Demain, Madame Albani se rendra à Chambly pour voir son vieux père. Les citoyens lui feront une réception des plus brillantes (La Presse, jeudi 30 janvier 1896). Nous n’avons pas trouvé le récit de cette réception. Ses virées vers Chambly se faisaient par train.

Emma Albani fait aussi une tournée au Québec en 1903. Elle est à Montréal en janvier et février de la même année. Mais nous n’avons pas d’information qu’elle soit venue à Chambly. Son vieux père, Joseph Lajeunesse, sera inhumé le 2 août 1904. Les héritiers vendront cette résidence au courtier Robert H. Bartholomew le 12 septembre 1905. (notaire R. A. Dunton).

On lit qu’elle serait venue à Chambly en 1906 et qu’à cette occasion, elle aurait chanté dans l’église St-Joseph. (Dictionnaire encyclopédique, p. 143). S’il est exact qu’elle fait une tournée au Québec en 1906,  nous n’avons cependant trouvé aucune information concernant sa présence à Chambly en 1906.

Photographie ci-haut: Emma Albani. Archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly.