La bataille de St-Charles vue par un soldat britannique, 25 novembre 1837

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – L’aide camp du colonel Wetherall, Sydney Bellingham, raconte sa vision de la bataille de Saint-Charles-sur-Richelieu, avec le concours de lord Charles Beauclerck, l’artiste peintre:

“Le lieutenant David et quatre hommes de la Montreal Cavalry furent placés derrière une grange, chargés des soins hospitaliers pour les blessés. Le major Ward avait la surveillance générale des barricades. Il se promenait constamment en face de celles-ci, épée en main. Quelques soldats des Royals Scots attendaient à l’abri près des barricades, prêts pour la mêlée… Lord Charles Beauclerck se tenait à l’extrême droite pour tenir l’ennemi en échec. Je lui communiquai de ne pas exposer inutilement ses soldats. Comme je chevauchais  en face de la ligne ennemie, vêtu à la canadienne,  l’ennemi m’a honoré d’une salve… Un homme près de moi fut atteint à l’estomac… Il fut conduit à l’hôpital. 

“Après environ deux heures de combat au cours duquel l’ennemi combattit courageusement, mais tirait trop haut, le colonel Wetherall ordonna la charge. Clameurs et vivats s’élevèrent, puis ce fut la ruée. Le major Ward se précipita vers les barricades où, à plusieurs reprises, il rougit son épée dans le sang des malheureux rebelles , qui s’exposaient au dessus des barricades. C’est alors que son courageux cheval reçut plusieurs balles dans le corps… Il fonça à la tête d’une compagnie des Royals Scots dans une entrée étroite dans les barricades qui faisait face au chemin. Ils trouvèrent trois canons armés et deux désarmés, mais aucun canonniers pour les manier.

“En grimpant au sommet du talus, le major vit un grand nombre de rebelles face contre terre. Mais en apercevant les soldats, il furent aussitôt sur pieds. Ils accueillirent les soldats avec quelques baïonnettes, des mousquets anciens, des vieux fusils de chasse, des fourches et de longues perches. Ils combattirent avec courage tant qu’il y eut de l’espoir. Mais les armes britanniques supérieures mirent rapidement fin au combat. Après la chute de quelques rebelles, plusieurs de leurs camarades jetèrent les armes et filèrent das toutes les directions. Le major ne tira pas sur les fuyards… et ordonna le cessez le feu. L’ennemi se dispersa dans les bois et vers St-Denis. Le combat était gagné…!

Sources: Les mémoires de Sydney Bellingham

Illustrations: le tableau de Lord Charles Beauclerck. Note: Entre le récit et le tableau, le lecteur observera bien des dissemblances. Parmi les peintures de Beauclerck, la scène de la bataille de St-Charles nous parait la moins réaliste, tel l’église, la colline, la grange servant d’hôpital. De plus  les témoignages des patriotes relèvent beaucoup de discordances. On ne fait pas mention du manoir Debartzch, ni du nombre de morts de part et d’autre.