Funérailles en mer et décès outre-mer

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Ils ont été nombreux les trépassés sur les voiliers du temps à connaître une sépulture marine. Et Hop ! au dessus du bastingage, après quelques prières et les pleurs de circonstances. Pas de cortège. Pas de cérémonie. Pas de fleurs. Pas de fosse. Pas de carte mortuaire. Pas de monument.

Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune !
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l’aveugle océan à jamais enfouis ! – Victor Hugo –

Notre propos n’est pas de pleurer le sort des terroristes qu’on a “enmerrés” récemment dans “l’onde amère”. Non ! Je veux souligner deux défunts bien connus de notre histoire qui ont trépassé en Europe. Le retour de leur dépouille au Québec a été solennisé avec moult célébrations. Comme s’il y avait plus de grandeur de mourir à l’étranger, à la tâche, en service.

Celles de George-Étienne Cartier, décédé à Londres le 20 mai 1873, n’ont d’égale, par la munificence, que le monument démesuré qu’on lui dressera en 1912 au parc Jeanne-Mance. Somptueuses. Grandioses. Royales. Des foules nombreuses. Les journaux sont dithyrambiques.

Les obsèques, le 25 janvier 1906, à Montréal, du ministre libéral Raymond Préfontaine, qui était décédé à Paris le 25 décembre 1905, se voulaient majestueuses, imposantes, toutes aussi flamboyantes que celles de Cartier 33 ans plus tôt. La Patrie lui consacre la une, la deux et la trois. On pavoise. On défile. Catafalque élevé. Cérémonie émouvante…

Vous souvient-il du décès imprévisible du premier ministre Maurice Duplessis à Schefferville le 7 septembre 1959 ?

Une vague d’émotion semblable, entretenue par les médias, submergea la Province. Quoique nous n’étions pas partisans, la surprise, le lieu hautement symbolique, nous troublaient devant la mort de cet homme en devoir.

Sources : Opinion Publique 23 février 1882. La Patrie, 25 janvier 1906