En novembre 1838, que se passe-t-il à Chambly ?

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Nous sommes, il y a plus de 180 ans, dans la deuxième année de la résistance patriote, qui avait commencé en novembre 1837. Plusieurs parmi les meneurs patriotes se cachent ou se sont  réfugiés aux États-Unis. On connaît les frères François et David Barsalou du rang des Quarante, les marchands Timothée Franchère, Louis Marchand et Eustache Soupras de Saint-Mathias.

Les docteurs de Chambly Ildefonse Mignault et Guillaume Beaudriau en fuite. Le notaire René Boileau, dont on dit qu’il a cherché refuge aux États-Unis, ainsi que le notaire Basile Larocque qui disparaît. Le docteur Joseph-François Davignon de Saint-Mathias, libéré sur le chemin de Chambly par les patriotes, s’est réfugié aux États-Unis.

L’instituteur Ambroise-David Joubert est recherché pour haute trahison. L’aubergiste Augustin Demers, les cultivateurs Antoine Papineau, Antoine Théberge, recherché, Anthime Forti, et d’autres séjournent à la prison au “Pied-du-Courant”.

Le docteur Timothée Kimber de Chambly, arrêté lors de sa fuite vers les “États” est en prison. L’hôtelier et traversier Amable Robert est sous les verrous, ainsi que Joseph Trudeau, un nommé François Lareau, l’entrepreneur Louis Papineau, Alexandre Bigonesse, et d’autres. Il est impossible de tous les nommer.

Il y a beaucoup d’excitation, de rumeurs, de fausses nouvelles qui circulent. Les agitateurs montréalais, Beausoleil et Malhiot, de la confrérie des Frères Chasseurs, circulent dans la région, pour mobiliser les rebelles. On fait prêter le serment, on recherche des armes, on se promène de nuit pour menacer les récalcitrants.

On exige des capitaines de milice qu’ils remettent leur démission et celle de leurs miliciens, parfois sous la menace. Il y a des incendies suspects, des charivaris bruyants et armés. On raconte qu’une grande armée viendra des États-Unis. Saint-Césaire amène à Saint-Mathias une troupe de 200 séditieux, mal armés.

L’objectif planifié pour les patriotes de la région de Chambly est de s’emparer du fort dans la nuit du samedi 3 au dimanche 4 novembre 1838. “Prendre le fort de Chambly à quatre heures du matin”, selon les témoignages des prisonniers patriotes. Joseph Ménard raconte: “… Ils seraient deux ou trois milles. Alors ils iraient à Chambly défoncer les portes du fort avec des béliers, ensuite ils joindraient le Dr Robert Nelson, qui était sur les lignes avec beaucoup de monde pour s’emparer de Montréal et de tout le pays…” 

Comment ces braves pouvaient-ils ignorer qu’il y avait dans les casernes de Chambly, à deux pas du fort, des effectifs militaires de 699 soldats britanniques, appartenant au 1st Dragoons Guards et au 15e régiment, avec armes, munitions et canons ?  Le fort ne sera pas assiégé. On ne verra pas l’ombre de Nelson. La débandade se produira aux petites heures du dimanche matin.

Photo. Archives de la Société d’histoire. La maison Franchère, à Saint-Mathias. On croit que des rassemblements patriotes se tenaient dans les bâtiments du marchand Timothée Franchère.