Des incidents patriotes à la traverse de Pointe-Olivier, 25 novembre 1837

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Pour améliorer son contingent, le colonel Wetherall, stationné à St-Hilaire, décide de rappeler les troupes britanniques demeurées au fort de Chambly. Il envoie son aide de camp. Sydney Bellingham raconte: “Je suis arrivé à la traverse de Pointe Olivier vers 4 heures du matin. Connaissant l’endroit, nous avons entrepris la traversée. Mais malheureusement , il n’y avait pas de rames dans les barques. J’ai envoyé M. Lovell réveiller le passeur . Après avoir frappé, on demanda: “Qui est là ?”. M. Lovell répondit: “Un ami. Dépêchez-vous”. Lorsque la porte s’ouvrit. M. Lovell glissa son pied dans l’ouverture, craignant que la porte ne se referme sur lui. Il avait raison. Le passeur, voyant M. Lovell, tenta de fermer la porte en disant: “Vous êtes un bureaucrate !”. M. Lovell reprit: “N’importe, dépêchez-vous. Je veux traverser immédiatement. L’eau est traversable”.

 Le passeur hésitait. Il y avait une patrouille de patriotes dans la maison voisine, qui prenait ses aises. M. Lovell a dû menacer. Il entrouvrit son manteau et montra une paire de pistolets. Ce qui eut pour effet de calmer le passeur pour le moment. Il dit que les rames étaient sous la barque et il s’avança jusqu’au passage, sous haute surveillance… En me voyant sur le cheval, il se mit à chercher les rames sous le bac, sans les trouver. Il dit qu’elles étaient dans la grange et qu’il les trouverait là…. M. Lovell, craignant une trahison, courut sur le côté est vers le bout supérieur de la grange. Le passeur remonta sur le côté ouest, regardant constamment vers moi.

 Quand il crut que son chemin était libre, il se dirigea vers la maison de la patrouille rebelle. Ce faisant il se jeta dans les bras de M. Lovell. Ce dernier se tenant devant lui avec une paire de pistolets dans les mains. Le passeur recula et tomba sur le dos. À ce moment, le passeur posa son pied sur la poitrine et pointa un pistolet sur la bouche, demandant “silence ou la mort”. On le prit au collet et on le conduisit à la grange… Les rames furent trouvées.

 Nous fîmes une bonne et rapide traversée, même s’il y avait quelques glace flottante. On pouvait voir, non loin de nous, une patrouille de rebelle du côté nord de la rivière Richelieu. Je payai le passeur. Puis on descendit de la barque en tout hâte, éperonna nos chevaux et nous coururent à toute vitesse. Quelques tirs de rebelles qui nous suivirent ne nous ont pas atteints. On atteignit Chambly entre 5 et 6 heures du matin…”

 La traverse de Pointe-Olivier se trouvait à la pointe nord-est de l’ile Goyer actuelle. Cette voie de passage, appelée “Traverse à Papineau“. donnait accès au chemin des Épinettes actuel à St-Mathias. Les propriétaires du traversier étaient à l’époque Pierre-Paul Massé, Amable Robert, Isaac Laperche

Sources: Le mémoires de Sydney Bellingham

Illustrations: Internet: Le bateau passeur de Saint-Roch-sur-Richelieu. Un bac retenu par un câble.