Chambly-Canton en 1928. Phares et casernes. Un bourg en développement

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – C’est un plan de la municipalité du Canton de Chambly, daté de mai 1928, que nous présentons aux lecteurs. Plus précisément la partie qui débute à la rue Caron et finit à la rue Dumaine. Ce plan indiquait aux assureurs-incendies les qualités et les valeurs des édifices. Les blocs de couleur définissent les matériaux des bâtiments. Le bleu, un édifice en pierre. Le rouge, une construction en briques. Le jaune, qui est largement majoritaire, des bâtisses en bois.

Les dimensions des rues sont indiquées en pieds. À l’intérieur du lot 24, un minuscule carré jaune représente un “Light House“, soit un phare appelé aussi “Feu d’alignement“. Il fait union avec un autre phare situé près de la bâtisse du “Old Barracks. Vacant“, sur le lot 20.

Quelques changements sont intervenus depuis cette date. D’abord, on pardonnera au dessinateur qui a dénaturé les dimensions du fort, en lui donnant une vue imprenable (!) plus allongée sur le Richelieu. Il a semblé hésiter aussi devant le ruisseau. Le mot ne désigne pas le pont “Chartrain“, mais l’ensemble de la rue qui fait angle au fort. Il faut bien lire “Pontchartrain” nom qui commémore le comte de Pontchartrain, secrétaire d’état à la Marine sous Louis XIV.

La rue Caron qu’on doit au ministre conservateur de la Milice et de la Défense, René-Adolphe-Philippe Caron, a été tracée selon un plan du 12 décembre 1874. Cette rue devait desservir treize emplacements. La rue Langevin, elle, commémore le ministre conservateur, Sir Hector-Louis Langevin“compagnon de l’ordre du Bain et ministre des Travaux publics”. Lors de la visite à Chambly du ministre Langevin le 20 octobre 1870, les partisans conservateurs de Chambly-Bassin avaient cru bon d’honorer de leur vivant ces deux ministres du gouvernement de John Macdonald. Ces vénérations politiques n’étaient pas partagées par les libéraux de Chambly-Canton. À l’origine, située dans les limites de la municipalité de Chambly-Bassin (entre le lots 18 et 21A), cette courte voie de circulation s’arrêtait au ruisseau du fort, qui a toujours servi de frontière entre les deux “villages”. C’est pourquoi on y trouve aujourd’hui deux numérotations différentes des résidences.  Chaque municipalité refusait de bâtir les ponts sur le ruisseau du fort, renvoyant la responsabilité à l’autre.

Les terrains servant au canal de Chambly sont définis comme: “Dominion Government Department of Railways & Canals“. On y voit un “Lumber Stand” et un “Wagon Shed“. On remarquera aussi un vaste “Ice House” dans le lot 18, sans doute la propriété d’un marchand de glace.

Quant à la rue St-Jean, autrefois la rue “Church“, devenue la rue Henderson, on avait suggéré le nom de rue Irénée-Auclair, projet qui fut refusé. L’avenue “Hayes“, en l’honneur de Nicholas Hayes, conseiller municipal, deviendra la rue Charles-Boyer, nom du curé de la paroisse Très-Saint-Coeur-de-Marie, en 1949. La rue “Common” est devenue la rue “Des Voltigeurs”. La rue du “Maine” devrait être écrite “Dumaine“, selon le patronyme de cette réputée famille d’artisans de Chambly.

On aura remarqué le site de  l’église “United Church“, de la communauté Méthodiste de Chambly. Ce temple est disparu dans un incendie en 1944. Seul reste un terrain vacant qui a servi de cimetière. Notez aussi sur le lot 20, les anciennes casernes britanniques: l’une, le “Fresh Air Home” est devenue un camp d’été pour les enfants anglophones de Montréal. L’autre, en pierre, “Old Barracks“, sera démolie en partie. Il ne subsiste que la partie ouest devenue la “Maison Ducharme” au 10, rue De Richelieu.

Références: Archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly. Plan d’assurances-incendies Lajeunesse, DSC03554