CHAMBLY – Des citoyens de Chambly qui ont alerté les médias ce matin concernant le déploiement de la machinerie lourde autour de la maison Boileau à Chambly en prévision de sa démolition, ont été interpellés par les forces de l’ordre au cours d’une manifestation.
La Ville de Chambly avait fait savoir ce matin par voie de communiqué, que c’était la direction générale de la Ville de Chambly qui a demandé, ce 22 novembre 2018, la démolition de la maison Boileau construite en 1819.
«Cette décision a été principalement prise pour des raisons de vétusté du bâtiment et de sécurité, car elle était devenue dangereuse pour les citoyens. Les rapports des professionnels, les analyses des experts et les coûts engendrés pour sa réhabilitation ont également motivé cette difficile décision», pouvait-on lire dans le communiqué.
Christian Picard arrêté
Ardent défenseur de la maison Boileau, le citoyen Christian Picard qui fut candidat lors de la dernière élection pour le Parti Québécois dans Chambly et qui faisait blocus à sa démolition, a été embarqué par les policiers. Avant d’aller s’asseoir sur la banquette arrière grillagée de la voiture de police, il s’est lancé dans une diatribe à l’endroit du maire de Chambly Denis Lavoie.
«Le maire s’était engagé à rénover la maison Boileau. Il a fait installer des horodateurs pour avoir l’argent. Il a l’argent maintenant. Hier soir, il a ordonné à ses employés de démolir la maison et personne n’est au courant. Je demande à la ministre de la Culture d’intervenir pour protéger la maison, protéger notre patrimoine et notre histoire», a claironné M. Picard, avant de s’engouffrer dans la voiture de police, escorté par deux agents, pour prendre la direction du centre de détention au Centre multifonctionnel, à Carignan.
Pour sa part, le maire de Chambly a nié l’accusation d’avoir fait pression sur la direction générale pour faire démolir la maison Boileau, affirmant que c’était une décision basée sur de récents rapports.
Christian Picard
Assistant à la démolition de la maison Boileau, une citoyenne de Chambly, Louise Chevrier n’a pas caché sa colère. « Ça me fait mal au coeur. C’est un patrimoine de 200 ans qui disparaît sous nos yeux. Je ne crois pas aux rapports des experts. Quand on dit que notre chien à la rage et qu’il faut le tuer, c’est exactement la même chose qui se produit ici. Nous avions fait la démonstration que les rapports des experts en 2016 n’étaient pas approfondis. Cette maison-là avait été consolidée. On pose des questions depuis des mois et on ne nous réponds jamais», a mentionné la citoyenne.
La maison Boileau
De son côté, la Ville de Chambly mentionne dans son communiqué que selon un rapport d’évaluation de la structure, le mauvais entretien de la maison, avant l’acquisition par la Ville, a causé des dommages irréversibles qui ne peuvent sauver la structure d’origine. Les experts concluent que les désordres structuraux sont trop importants et le bâtiment ne peut être rénové et conservé.
«Considérant que tous les éléments structuraux du bâtiment sont compromis et que rien n’est récupérable. Considérant également qu’une réhabilitation et une restauration sont estimées à plus de 2 millions $ et qu’il faut prendre en considération la capacité de payer de chaque citoyen, la direction générale de la Ville de Chambly a recommandé sa démolition», conclut la Ville.
Le député Jean-François Roberge stupéfait !
Le député de Chambly et ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur Jean-François Roberge a exprimé sa stupéfaction suite à la destruction de la maison Boileau, survenue ce matin.
«À aucun moment, je n’ai été informé que des travaux de démolition étaient prévus. Je suis surpris et déçu de la décision de la Ville de Chambly d’ordonner la destruction de ce bâtiment plus que centenaire», a fait savoir le député, qui dit avoir été alerté par un citoyen. Au contraire, celui-ci avait plutôt reçu des indications selon lesquelles le bâtiment serait préservé.
Dès qu’il a été informé de la situation, et ce malgré que l’intégrité du bâtiment était déjà sérieusement compromise, son équipe a contacté le ministère de la Culture et des Communications. Celui-ci n’était cependant pas en pouvoir d’intervenir, vu que la maison Boileau n’était pas classée comme bien patrimonial en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel.
En 2016, une demande en ce sens du député Roberge s’était d’ailleurs heurtée au refus de la ministre de la Culture de l’époque, Hélène David. Selon elle, la bâtisse comptait une architecture commune à 11 autres maisons patriotes classées dans le secteur. Monsieur Roberge avait exprimé son désaccord avec cette position à l’époque.
Suite à cet événement, Jean-François Roberge entend rencontrer la ministre de la Culture et des Communications Nathalie Roy pour voir comment éviter que de telles situations ne se reproduisent plus à l’avenir. Toutes les options sont sur la table, y compris la voie législative, a fait savoir le député.
Photographies : Courtoisie