Aimer d’amour… la chanson québécoise

Pierre-Yves Faucher

MUSIQUE – Alors que les célébrations de la Fête nationale approchent à grands pas où toute l’attention est tournée vers la musique populaire du moment et les valeurs sûres, je me suis mis à réfléchir récemment sur mon intérêt envers la chanson québécoise en tant que spectateur au cours des années passées.

Je dois avouer que je suis actuellement en mode rattrapage, car le bilan de ma fréquentation des salles de spectacles au cours des quarante dernières années affiche un déficit flagrant en ce qui a trait à la chanson québécoise.

Dans les années 70, ma préférence allait surtout envers mes bluesmen préférés : B.B. King, John Lee Hooker, Rory Gallagher, Eric Clapton, entre autres. Par la suite, il y a bien eu quelques occasions comme le spectacle de la Saint-Jean de 1975 sur le Mont-Royal et celui d’Harmonium au Centre de la nature à Laval en 1977. Au cours des années suivantes, ce fut un peu le désert à part les spectacles de Daniel Bélanger et de Jean Leloup en début de carrière.

L’offre culturelle des Cantons de l’Est

Nouvellement établi à temps plein dans les Cantons de l’Est, je me suis résolu à explorer l’offre culturelle, principalement celle de la scène musicale dans toute la MRC Brome-Missisquoi qui comprend cinq centres urbains soit Cowansville, Farnham, Lac-Brome, Bedford et Sutton. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en consultant les programmations qui nous sont offertes dans la région.  Le menu s’est avéré copieux.

L’an dernier, j’ai commencé mon exploration dans les petites salles et sur les sites en plein air. Étant donné que depuis les quarante dernières années, je n’ai pas suivi la carrière de nombreux artistes qui ont maintenant 20 ou 30 ans de métier, je me trouve chanceux qu’il y en ait plusieurs qui soient encore présents sur la scène musicale.

En 2022, j’ai commencé par le spectacle de Diane Tell à La Sag (Alec et Gérard Pelletier) de Sutton. Une salle intime de 120 places dont la proximité des artistes avec le public favorise un contact plus direct. La chanteuse nous a offert les plus belles mélodies de son répertoire.

En mars 2022, le Théâtre Lac Brome (161 places) présentait Angel Forrest, une chanteuse de blues et de rock qui nous décoiffe. Quelle belle énergie propulsée par les guitaristes Ricky Paquette et Denis Coulombe.

En juillet de la même année, ce fut Michel Pagliaro au Bromont Blues en plein air. Un spectacle acoustique énergique avec le fabuleux guitariste Corey Diabo.

En mars 2023, je n’ai pas raté la chance de voir Gilles Valiquette pour la première fois. En mode rattrapage, vous dites ? Il en a profité pour revisiter son premier album et fêter ses 50 ans de carrière. Quel répertoire riche en mélodies. L’interaction avec le public était chaleureuse. C’était mon premier spectacle offert par le diffuseur Sur la scène Davignon (160 places) qui a élu domicile dans l’Église Emmanuel à Cowansville.

À sa deuxième année en tant que directeur général, Sylvain Demers tient compte des caractéristiques démographiques de la région immédiate de la ville, soit une population vieillissante. La programmation vise donc la clientèle des 40 ans et plus.

Aimer France D’Amour pour sa musique et son humour 

Mon pèlerinage repentant envers la chanson québécoise s’est poursuivi vendredi dernier avec le spectacle de France d’Amour dans cette même salle intime qui s’est avérée  propice aux échanges et aux interactions chaleureuses entre elle et les spectateurs.

Dès le début du tour de chant, elle met tout le monde à l’aise avec ses blagues et ses anecdotes savoureuses qui font mouche à tout coup. Son autodérision nous la rendait encore plus sympathique. Ce fut un spectacle impeccable à tous les points de vue. Son jeu guitaristique était à son plus haut niveau (comme c’est toujours le cas, je présume). Les progressions d’accords de ses compositions nous surprennent parfois grâce à ses teintes jazzées qui enrichissent des mélodies très fortes. Et quels refrains ! Même si on se doute que tout est rodé à l’avance, ses interventions nous semblaient tout à fait spontanées.

Elle était accompagnée du merveilleux batteur Sam Harrisson qui est originaire de Cowansville. Renommé dans le milieu de la musique québécoise et à l’international, il est en quelque sorte un drummer hero à l’instar des guitar hero québécois. Son CV doit peser une tonne, il serait trop long ici d’en faire même un survol.

Avec France D’Amour, il a su manier ses balais sur la caisse claire de façon très délicate et marteler de façon judicieuse son cajón, une caisse de résonance en bois, qui faisait croire qu’ils étaient plusieurs musiciens sur scène.

Leur complicité sur scène était plus qu’évidente et rehaussait le plaisir de les voir évoluer d’une chanson à l’autre. Généreuse de sa personne, elle a joué toutes ses chansons à succès, dont Ailleurs, Animal, Laisse-moi la chance, J’entends ta voix. Il y en a tellement !

Elle nous fait taper des mains, pratiquer nos vocalises et chanter ses refrains pour le plus grand plaisir des spectateurs qui ne se font pas prier pour participer à cette soirée festive. Donc, un spectacle de près de deux heures sans entracte qui nous a valu entre autres un medley de 14 chansons. On a hâte au prochain album.

Cet automne, le rattrapage se poursuit dans cette même salle avec la venue de Laurence Jalbert (28 septembre) et Lulu Hughes (25 novembre) en essayant pour ma part d’y intégrer à travers tout ça des prestations d’artistes émergents de la région. En attendant, ce sera Steve Hill (hé oui, encore du blues) au Théâtre Lac-Brome le 17 juin prochain accompagné de tambours et de trompettes. Ça promet.

Quelques suggestions

24 juin : le trio acoustique Pour un instant, parc des Ateliers, Chambly à 19 h

10 août : France d’Amour, parc Édouard-Crevier, Marieville à 20 h