SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU – Petite visite hautement tripative que celle effectuée cette semaine par votre humble serviteur du côté de Saint-Jean-sur-Richelieu, au studio du jeune réalisateur Gautier Marinof.
L’homme qui a grandi à Carignan et qui a des gênes européens (il est né à Toulouse), exerce le métier de réalisateur de disques depuis près de deux décennies et possède un tableau de chasse pour le moins impressionnant. Installé à Saint-Jean depuis 2014, Gautier a fait ses classes avec les grands, notamment au célèbre Studios Piccolo, à Montréal, avec lequel il collabore toujours.
Tombé dans la marmite
Gautier est entré en contact avec la musique très tôt. Il étudie le violon classique dès l’âge de 5 ans, qu’il pratiquera jusqu’en 5e secondaire. Puis, la guitare viendra le séduire.
L’école secondaire fut pour lui l’époque des bands de garage. Il joindra à peu près tous les groupes punk rock de la région de Chambly. Les Stample, Follow Your Star, 22 et cie. Son arrivée dans le monde de la réalisation passera par une proximité avec la technologie.
« Mon père travaillait à l’Office national du film en ingénierie. Durant les journées pédagogiques, il m’amenait à l’ONF passer la journée dans les studios. C’est là que j’ai eu mon premier contact avec une console 4 pistes», se souvient Gautier.
Au Cégep, il s’inscrira en Design industriel et électronique appliquée à l’audio.
«Après mes études, je me suis retrouvé à couper du gazon, (rires). Je me suis donc mis à appeler tous les studios de son qui existait et c’est Piccolo qui m’a appelé. J’ai commencé à travailler avec eux en 2000 comme assistant», explique Gautier.
Il travaillera avec Céline Dion, Simple Plan, Corey Hart. Puis il ira faire un saut du côté de Toronto et Boston pour travailler (toujours comme assistant), avec un réalisateur qui avait fait un séjour au Electric Lady Studios de Jimi Hendrix, à New York.
« Ce gars-là avait réalisé l’album «Appetite for Destruction», de Gun’s and Roses, «And Justice for all, de Metallica. C’est là que j’ai gravi une autre marche dans la réalisation », explique Gautier.
De retour au Québec, Gautier, débute officiellement sa carrière comme réalisateur et de directeur musical.
Réalisation 101
N’est pas réalisateur qui veut. Ce métier exige une grande maîtrise musicale et technologique certes, mais il faut aussi être en mesure d’avoir une vision ou du moins comprendre celle de l’artiste pour lui donner vie.
«Il faut avoir une bonne combinaison. Le mélange de la technique et de la musique te donne de bons outils pour faire de la réalisation. C’est clair qu’il faut une bonne écoute et une culture musicale élargie. Il faut que la musique fonctionne et être à l’écoute des besoins de l’artiste», lance Gautier.
Dans son studio à Saint-Jean, Gautier ne manque pas de travail. Les artistes se succèdent à un bon rythme. Les budgets alloués aux albums ne sont plus ce qu’ils étaient.
«L’époque des albums à 100 000 $ ou 300 000 $, c’est terminé. Aujourd’hui, on parle de 50 000 $ à 60 000 $ pour une grosse production. Le son a aussi changé avec la programmation. On aime ou on n’aime pas. Un band ça coûte moins cher parce que tu n’as pas à embaucher des musiciens. Le monde de la musique a vécu une crise avec l’arrivée des plates formes numérique, les MP3 et autres YOUTUBE et Spotify. Depuis un an ou deux, ça commence à se replacer. On me propose beaucoup de projets. Il faut trouver aujourd’hui des façons de rentabiliser le tout.»
Dans son petit studio johannais, pour ses prises de son et de voix, l’espace étant contigu, Gautier travaille avec des petits groupes. Au besoin, il ira faire des sessions d’enregistrements chez Piccolo.
Pour l’heure, Gautier Marinof collabore avec plusieurs artistes, les Fred Fortin (comme sonorisateur), Marie-Pierre Arthur, François Lafontaine, The City Gates, Catch 22, des artistes de La Voix : Renée Wilkin, Alex Gaudreault, Désirée et Jérôme Couture qui prépare son troisième album. On peut également l’apercevoir dans les salles de spectacle derrière la console de son ou sur scène comme musicien.
«J’adore jammer avec mes potes musiciens. Je participe aussi à des camps d’écriture et de réalisation avec la SOCAN», poursuit Gautier.
Son métier lui a aussi permis de remporter des prix notamment, celui de la SOCAN remis pour la chanson de l’année en 2017, «Là, dans ma tête», qu’il a composé pour Marc Dupré.
Photographies : André Corbeij © / Journal le Montérégien