Comme on l’étirait, la tire Sainte-Catherine !

HISTOIRE – Comme on l’étirait, la tire Sainte-Catherine les 25 novembre ! Ah ! cette ancienne tradition ! Ce joyeux régal ! Mais, question: Ce party sucré serait-il en voie de disparition ?

Lisons de quelle belle façon un journaliste s’extasiait en 1887: “Qui ne se rappelle les joyeuses fêtes d’antan, les joyeuses parties de plaisir auxquelles le retour de la Sainte-Catherine donnait lieu autrefois, surtout dans nos bonnes vieilles paroisses où l’on a conservé encore plus qu’ailleurs le culte des traditions et les moeurs patriarchales de nos aïeux ?

Qui ne se rappelle avoir vu les longues files de voitures d’hiver, attelées de chevaux fringants, glisser rapidement au bruit argentin des clochettes, qu’accompagnait en sourdine la musique quelque peu fantaisiste d’un ménétrier du crû, raclant un violon plus ou moins faux ?

La joie était peinte sur tous les visages. Les garçons avaient revêtu leurs plus beaux habits de fête. Les campagnardes, au teint vermillonné par l’air froid, étalaient leurs toilettes les plus ravissantes. Puis, lorsqu’on s’était bien saturé d’air pur et de soleil, on se réunissait chez quelque brave <habitant>, assez heureux pour avoir une épouse répondant au doux nom de <Catherine>.

L’héroïne de la fête recevait un bouquet. Les danses succédaient aux chansons, les chansons aux danses. On prenait un coup, en vertu de l’axiome que <les Canadiens ne sont pas des fous>, et la tire aux reflets dorés faisait son apparition. Et les enfants, quelle joie pour eux ! Comme on l’étirait la tire ! Et quel entrain régnait partout ! Bah ! Le vieux temps n’a pas tout à fait disparu. Cette année encore on s’amusera comme autrefois“.

L’auteur de cette tirade oublie de mentionner l’effort de muscle pour allonger, replier, allonger encore et replier de multiples fois la torquette brûlante de mélasse, qui allait devenir la papillote dorée. On y allait à quatre mains. Non pas sans se brûler les doigts sur cette pâte collante. Il fallait amincir le rouleau, l’étendre, le couper en sucettes, l’envelopper de papier ciré jaune et noir. Et goûter !

Illustration et texte: Le Monde Illustré, 26 novembre 1887, p. 6. Relire dans Le Montérégien édition du 26 novembre 2019: “Mou comme la tire Ste-Catherine…

Source : Paul-Henri Hudon