Paul-Henri Hudon
HISTOIRE – Le testament permet à l’historien de connaître de précieux renseignements, comme les liens familiaux, les légataires préférés, les exclus du patrimoine, s’il y en a, les legs pieux et les biens de famille. Il notera aussi quelle personne bénéficie du partage des meubles, des immeubles et des menus objets de piété.
Adelphine-Bathilde Soupras, veuve en premières noces de Joseph-Frédéric Allard, veuve aussi en secondes noces du médecin Charles Boucher de Grosbois, rédige un premier testament en 1865. Outre la somme de 100 $ pour les pauvres de Chambly, payable aux “dames religieuses de l’hôpital“, elle lèguera en 1876 à Charles-Amédée Allard (1848-1913), son fils, “le portrait dans un petit médaillon en or de Eustache Soupras, son père, un crucifix en argent que je porte sur moi, un chapelet monté en argent, un grand cadre doré avec dessin représentant les chutes de Niagara, de plus toutes les pièces de monnaie d’or et d’argent que je garde depuis longtemps à titre de pièces rares, un grand miroir avec cadre doré qui se trouve dans mon grand salon...”
À Louise-Joséphine Allard (1843-1877), sa fille, épouse du lieutenant-colonel Charles Léonide de Salaberry, “un crucifix en argent, inséré dans un étui en maroquin et un petit vase d’albâtre qu’elle m’avait donné en retour de son voyage à Rome, de plus l’écran qui est dans mon salon et qui a été fait par elle au couvent, un chapelet monté or, un livre de prières avec couverture en argent, aussi un <dash> et la table de centre qui se trouve dans mon salon…”
“Je lègue à Adèle de Grosbois, ma fille, tous mes bijoux et tout ce qui dépend de ma toilette, en hardes, linges, coiffures et chaussures et une somme de 140 $ pour acheter un ameublement de chambre, plus une somme de 460 $ pour acheter un piano et une table à ouvrage avec tiroirs en bois de plaine ondé...”
En 1882, Mme Soupras exige que “ses obsèques se fassent sans pompes et étalages, avec cependant un cercueil choisi, dans l’église St-Joseph”. Elle croit superflu d’ajouter “que son corps devra reposer dans le caveau de famille que j’ai fait construire avec mes enfants dans le cimetière de la paroisse Notre-Dame-de-Bonsecours au village de Richelieu…”
Lors d’un codicille ajouté à son testament du 3 janvier 1890, Mme Soupras “lègue à sa fille Adèle de Grosbois un beurrier et un huilier en argent, une chaudière en cuivre pour le charbon, venant de son père. À Charles-Amédée Allard, elle lègue ses lunettes d’or. Elle avait réservé pour ses petits-enfants: À Alphonsine Allard une épingle en jais portant une figure de la sainte Vierge et ses bracelets en jais. À Euphémie Allard, son chapelet en or. À Adèle Allard sa boite à ouvrage en écaille. À Alphonse Allard son coffre-fort, son jeu de bagatelle. À René de Salaberry, sa table qui vient de Marie-Louise Vallée et 100$ pour l’aider dans sa cléricature”.
Adelphine-Bathilde Soupras (1822-1893), fille du marchand Eustache Soupras de Saint-Mathias, avait épousé Joseph-Frédéric Allard (1803-1856), “écuyer, seigneur de Foucault, de Noyan et d’autres lieux, marchand de grains“, établi à Chambly. Son second mari, Charles Boucher de Grosbois (1809-1871), médecin, brasseur et entrepreneur, lui laissa une fille Adèle de Grosbois (1863-1951), qui épousera Standley Birchall en 1895. Elle est donc la grand-mère des enfants Allard et des enfants de Salaberry (son deuxième mariage). Elle a été inhumée dans le mausolée familial le 17 avril 1893.
Sources: notaire Paul-Solyme Bertrand, 27 octobre 1876. 5 avril 1882. 3 janvier 1890. Notaire Charles-Gédéon Scheffer 13 septembre 1865; Notaire Norbert-Damase-Daniel Bessette, 1er décembre 1890
Illustration: Mausolée Allard-Soupras à Richelieu. (Photo collection personnelle de Paul-Henri Hudon)