Paul-Henri Hudon
HISTOIRE – Moïse Laporte fréquentait assidûment Louise Aubertin, veuve de feu François-Hubert Robert. Il s’agissait peut-être de ces relations platoniques, distantes et genoux serrés, comme le montre l’illustration incluse. En tout état de cause, il y avait eu entre eux des promesses réciproques de mariage, verbalement, qui auraient été suivies de publications de trois bans à trois divers dimanches, et ensuite conventions civiles de leur mariage devant parents et amis. (Notaire Charles-Gédéon Scheffer, 31 mai 1843). La célébration avait été fixée au 6 juin 1843.
Or, la veille, Louise Aubertin aurait fait prévenir le dit requérant qu’elle ne voulait plus se marier avec lui. Le prétendant éconduit proteste qu’il a fait de grandes dépenses. Il en résulte un affront pour le requérant qui lui donne lieu de craindre que ça peut nuire à son établissement avec une autre… Il invoque qu’elle se laisse fréquenter par une autre personne avec qui elle est pour se marier. Que le requérant se trouve dégagé de l’engagement de ses promesses de mariage. Il réclame donc de la renonciatrice cent livres de dommages.
Mme Aubertin lui répond qu’elle a toujours été dans les mêmes sentiments que lors du contrat de mariage, mais que, vu les procédés du requérant, elle désirerait le voir avant de donner une réponse définitive… (Charles-Gédéon Scheffer, 16 juin 1843). Quels étaient les “procédés” de l’amant ? On ne le saura jamais.
Mais Louise Aubertin, fille de Joseph et de Joséphine Petit, qui avait épousé François-Hubert Robert à Longueuil le 21 janvier 1840, avait eu un enfant baptisé François-Hubert le 30 octobre 1840, mais décédé le 2 août 1841. Son mari était décédé le 27 juillet 1841.
Mais la veuve, sans enfant, ne convolera pas en secondes noces avec le prétendant Moïse Laporte. Elle épousera plutôt Olivier Benoit, à Saint-Joseph-de-Chambly, le 20 novembre 1843. Quant à Moïse Laporte, 23 ans, cultivateur de Saint-Bruno, il épousera Marie-Onésime-Adeline Foisy.
Note : Signer un contrat de mariage devant notaire ne signifiait rien de plus qu’une promesse de se marier à l’église dans un délai rapproché. Ce qui liait réellement les époux et les engageait juridiquement c’est l’acte religieux de mariage et sa célébration publique devant l’Église.
D’autre part, épouser une veuve pouvait constituer une bonne affaire. C’est l’occasion de mettre la main sur le patrimoine hérité du premier époux. C’est ainsi qu’une veuve prudente doit se protéger contre les « coureux de dots » et s’assurer que ses enfants ne subiront pas les préjudices d’un mariage trop vite bâclé. Il y avait là un risque d’usurpation.
Illustration: L’Opinion Publique, juin 1882, page 298.