Lise Perreault
Un petit retour sur Noël, cette fête devenue symbole de cadeaux. Sous le sapin, ils font partie des ornements avant d’être développés, et font partie des réjouissances au moment de l’échange. Ils génèrent une bonne dose de stress pour les acquérir et une autre quand vient le temps d’acquitter la carte de crédit. Ils contiennent leur part de plaisir et sa contrepartie.
Pour les petits, Noël n’est plus guère que cela, une pléthore de cadeaux tant et si bien que plusieurs enfants les déballent à la chaîne sans trop en apprécier la valeur. Pour les grands, c’est souvent une course contre la montre entre les emplettes et les préparatifs. Pour le meilleur, c’est l’ambiance du temps des Fêtes quand celle-ci prévaut. C’est alors le plus de rencontres possible avec ceux qu’on aime, c’est la table chaleureuse, la bonne bouffe, le ras-le-bol des contraintes habituelles envoyé annuellement par-dessus bord.
Par-dessus bord aussi une montagne de papiers aux coloris festifs, de feuilles de papier de soie, choux et rubans auxquels s’ajoute le suremballage des objets : boîtes de carton, plastique, papier kraft, polystyrène. Quant à moi, depuis longtemps déjà, je refais ces gestes de ma mère, de ma grand-mère de trier, de défroisser et plier papiers et feuilles de papier de soie, de ranger les choux, les rubans satinés.
Je garde les belles boîtes et, bien sûr, les sacs-cadeaux aux illustrations traditionnelles, fantaisistes, attrayantes, aux textures chatoyantes. De plus, cette réduction à la source, réduction d’achats, de récupération, de déchets, me permet de retrouver de décembre en décembre ces motifs accrocheurs, certaines de ces magnifiques images imprimées sur papier.
Or, qui dit surabondance d’emballage, dit surabondance des objets en soi, par surcroît, certains cadeaux que l’on offre, et reçoit, ne plaisent qu’à moitié, ne trouvent pas leur utilité, si utilité il y a, et pour finir, se révèlent encombrants.
Suite à cette réflexion, les Fêtes 2017 se sont vues chez nous couronnées d’une décision familiale : nous avons drastiquement diminué le budget cadeaux. Et, conséquemment, le stress pré-Noël. Nous avons opté pour un présent, petite pensée pour chacun de nous, et préférablement, acquis localement, dans nos petits commerces indépendants.
En fait, je constate qu’en toute chose, j’en suis venue à repousser la surconsommation. Je sors, pour festoyer, ma charmante vaisselle ancienne. Pour moi, il s’agit de cet élégant plat de service de verre transparent rose, cadeau de mariage de ma mère, ou alors, ces sucriers et pot à lait qui me viennent de grand-maman, oh, sûr, j’en ai vu de si jolis en magasin, mais… je n’en ai pas besoin et… ces objets neufs ne sauraient pour moi receler autant de valeur que ces vieilles choses belles et fragiles qui se sont mérité les égards de trois générations.
De plus, la maison n’est pas grande, s’il me fallait acquérir tout ce que je trouve à mon goût, il ne me resterait plus qu’à déménager! M’embourber dans un trop-plein d’objets ne m’intéresse pas ni n’intéresse mes proches. Nous nous sommes donc naturellement donné des cadeaux qui brillent par leurs attraits culturels, musique, livre, visite au musée, ou alors chocolats, bières artisanales gourmandises du terroir, sinon des objets nécessaires : petits électroménagers, mitaines, portefeuilles, etc.
Et pourquoi cette chronique en début d’année plutôt qu’avant Noël? Parce que je réalise maintenant le soulagement que ça a été pour chacun de nous d’écourter la liste de cadeaux.
Cette approche nous laisse l’esprit tranquille en cela que ça rejoint chez nous des valeurs plus profondes que j’ai la chance de partager avec vous par le biais de cette chronique, puisque la surconsommation joue un rôle important dans la grave problématique environnementale.
La consommation est devenue tellement coutumière qu’on en oublie la provenance unique de tout objet : la matière première. Ce qui signifie : métal, exploitation des mines, bois, coupe de forêts, plastique, c’est-à-dire, encore du pétrole, transformation de la matière, roulement plein régime des usines, transport = production de CO².
Et toutes ces choses produites si loin de nous… les Chinois qui s’asphyxient sous un opaque plafond de smog… nous vient-il à l’idée parfois que nous participons à leur pollution avec tout ce qui nous vient de Chine? Les usines là-bas crachent à pleines cheminées alourdissant le taux de CO² qui encore s’alourdit dans le sillage des avions, des bateaux, des gros camions… d’où l’intérêt d’acheter local.
Et si, entre nous, entre familles, entre amis, pour nous, les Québécois, en groupuscules de plus en plus nombreux jusqu’à former un beau tissu social, et pour eux, les Chinois, pour tous, pour la Terre, si l’on réduisait les assauts innombrables qu’oblige l’archiconsommation!
Point n’est besoin de tant de choses pour être heureux, si, cette année, on s’offrait une réflexion collective sur nos habitudes, peut-être réaliserions-nous que l’objet qui a été couvert de soin, qui a gagné ses lettres de noblesse depuis le mariage d’un parent, d’un ancêtre, ne retire plus rien à la Terre tout autant que l’utilisation maximale des choses neuves donne un répit à notre planète.
Si on se rappelait que tous nos objets sont tirés du bois, de la roche, du sable, du pétrole, de cet être gigantesque, infiniment multiple, complexe, à la fois fort et fragile comme l’est la vie, peut-être prendrions-nous davantage soin de nos objets avant de penser à les remplacer?
Jusqu’à ce que, bien souvent, l’envie nous passe de les remplacer. Jusqu’à ce qu’ils deviennent irremplaçables. Si on pouvait voir que chacun de nous participe à la solution.
C’est ce que je nous souhaite de tout cœur en 2018, un cadeau magnifique, une participation active, à la mesure de tous, pour s’engager dans le redressement environnemental.